Culture d'entreprise : transformer la stratégie en récit

Alexandra Giroux
Épisode #30

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Culture d'entreprise : transformer la stratégie en récit

Dans ce 30ème épisode de HR Stay tuned, on parle culture d’entreprise et storytelling stratégique ! J’ai eu le plaisir d’échanger avec Alexandra Giroux, Head of Culture & Internal Communication chez Partenamut.

Alexandra nous explique comment embarquer les équipes autour d’une vision claire en transformant la stratégie en récit fédérateur. On a parlé cohérence, leadership, communication interne, et des leviers concrets pour incarner la culture au quotidien.

Un échange inspirant pour celles et ceux qui veulent aligner vision, valeurs et actions 🎙️

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La retranscription du podcast, c'est par ici ...

[Amélie Alleman] Alors bonjour et bienvenue dans notre podcast HR Stay Tuned de Betuned. Un podcast HR inspirant, un moment où l'on se pose et on parle innovation HR et tendances du marché. Je m'appelle Amélie Alleman et je suis la fondatrice de Betuned, la nouvelle manière de recruter et de développer votre marque employeur. Aujourd'hui, je suis en compagnie d'Alexandra Giroux.
[Alexandra Giroux] Bonjour Amélie.
[Amélie Alleman] Bonjour Alexandra. Merci d'être là.
[Alexandra Giroux] Avec plaisir.
[Amélie Alleman] On se suit, enfin moi en tout cas, je te suis depuis longtemps sur sur LinkedIn et on ne se connaissait pas encore. Et donc, ça a été une belle opportunité de te rencontrer. Donc déjà, merci.
[Alexandra Giroux] Trop chouette.
[Amélie Alleman] Et donc aujourd'hui, on va parler de tout ce qui est... enfin, quand je t'ai proposé, en fait, est-ce que tu étais OK de venir faire un podcast, tu m'as spontanément dit oui, donc j'étais déjà ravie. Puis tu m'as proposé, en fait : transformer la stratégie en récit et la culture en expérience. J'ai trouvé ça hyper, hyper intéressant.
Peut-être avant de rentrer dans le vif du sujet, je vais te demander de te présenter, pardon. Et comme ça, après, je vais te demander un peu le choix de ce sujet et où est-ce qu'on va aller. Ça te va ? Ça te convient ?
[Alexandra Giroux] Ça me convient très bien. Donc je suis Alexandra Giroux. Je suis manager de l'équipe Culture et Communication interne chez Partenamut. Donc Partenamut, pour restituer, c'est une mutuelle en Belgique. On a 1 300 000 membres, on a 1500 employés répartis sur différents sites, principalement à Bruxelles, mais on a aussi un site à Mons, un à Liège, et on a tout le réseau d'agences à Bruxelles et en Wallonie. Et donc effectivement, avec mon équipe, le défi, c'est de pouvoir, comme tu l'as dit, transformer la stratégie en récit et la culture en expérience.
[Amélie Alleman] Et tu veux m'en dire plus ?
[Alexandra Giroux] Oui, oui, oui.
[Amélie Alleman] Ou j'y vais, je bombarde de questions.
[Alexandra Giroux] Ah ben écoute, oui, allons-y, allons-y. Ce qu'on peut, ce qu'on peut effectivement peut-être dire pour expliquer l'objectif et l'ambition de ce qu'on fait. Aujourd'hui, on a une entreprise qui a sa stratégie et qui a besoin de pouvoir faire en sorte que les gens aient envie d'y aller, qu'ils comprennent le sens des projets dans lesquels ils participent. Et donc, c'est tout le travail qu'on fait avec mon équipe : d'aider à créer une connexion émotionnelle à cette stratégie. Parce qu'on sait que, naturellement, juste communiquer sur des indicateurs ou ne parler qu'au cerveau, ça ne serait pas efficace. Donc on essaie de pouvoir avoir le bon équilibre entre cette connexion cérébrale et la connexion émotionnelle. Et alors, on a aussi la chance de s'occuper dans l'équipe de la culture, et ça, c'est vraiment très important, parce que ça nous permet aussi d'avoir d'autres leviers que les leviers de la communication. C'est-à-dire que l'on sait que la culture, elle se définit par le pire comportement qu'on tolère. La culture, c'est tout, tout ce qu'on fait quand personne ne regarde. Et donc, c'est là-dessus, en fait, que nous on veut travailler pour pouvoir avoir un vrai impact. Parce qu'on sait que, bien sûr, des valeurs qui ne sont là que sur des posters ou des fonds d'écran, ça ne va pas être suffisant. Et donc, on a besoin de travailler sur tous ces autres leviers pour créer une, du sens, et aussi pour faire en sorte que les gens s'y retrouvent et n'aient pas l'impression qu'on leur vend de la propagande.
[Amélie Alleman] Oui, clairement. Concrètement, vous… Tu veux m'expliquer un peu comment vous procédez ou un exemple que vous pourriez partager ? Enfin, je ne sais pas si c'est possible ou pas.
[Alexandra Giroux] Oui. Alors nous, on a été très inspirés du livre 'Activer l'ADN de votre organisation'.
[Amélie Alleman] OK.
[Alexandra Giroux] Super livre pour toutes celles et ceux qui s'intéressent à la culture.
[Amélie Alleman] D'accord. Je ne l'ai pas encore lu, mais si tu veux m'envoyer les références, comme ça on la mettra en référence du podcast.
[Alexandra Giroux] Ah ben, avec grand plaisir. On les mettra en référence, super. C'est un, c'est un livre qui présente une approche en quatre étapes. Et en fait, ce que j'aime beaucoup dans cette approche, c'est qu'elle est pleine de bon sens, très pragmatique et…
[Amélie Alleman] En tout cas, on aime beaucoup ça. Pragmatisme, bon sens, tu me parles.
[Alexandra Giroux] Et alors ce qui est intéressant, en fait, dans cette approche, que je vais résumer de manière brève, c'est donc, il y a quatre étapes. Une, d'écoute, où on capte ce qui se passe, quels sont les besoins, qu'est-ce qui vit sur le terrain. Une phase d'expression où on communique ou on explique, mais ça ne s'arrête pas là. On sait que les comportements visibles, c'est quelque chose qui est aussi très important. Donc il y a tout un volet sur comment faire évoluer tous ces comportements que l'on voit au quotidien dans l'entreprise. Et puis, bien sûr, toute la phase d'ancrage. Est-ce que tout ce qui est dit est logique par rapport à tout ce qu'on voit, par rapport aux bureaux, par rapport aux process, aux projets. Donc c'est vraiment avoir cette vue globale de la culture qui n'est pas uniquement le volet communication, mais qui est beaucoup plus large et qui essaie de répondre à un besoin concret du terrain.
[Amélie Alleman] Et c'est pour ça que, enfin pour toi, c'est essentiel le fait, pour les organisations, de penser la communication interne comme une expérience à part entière ?
[Alexandra Giroux] Oui. C'est, c'est effectivement super important, parce que sinon, on risque d'être complètement déconnecté de ce qui vit. Et on sait que les employés détestent toute forme de dissonance. Il faudrait, bien sûr, éviter que dès qu'on prononce le mot 'valeur', les collègues commencent à regarder vers le haut. Toute cette cohérence, toute cette congruence, elle est extrêmement importante pour pouvoir atteindre les objectifs.
[Amélie Alleman] Quelle est la vision de Partenamut, justement, sur le rôle de la communication interne dans la transformation culturelle ?
[Alexandra Giroux] Le rôle de la communication interne, c'est de pouvoir créer cet alignement stratégique. Et c'est aussi de mettre en place une culture qui va nous permettre de soutenir notre stratégie. Alors, je vais en dire deux mots. Il y a quelques années, notre slogan c'était : on simplifie, on vous simplifie la santé.
[Amélie Alleman] OK.
[Alexandra Giroux] Aujourd'hui, c'est : cultivons votre santé. On voit que les enjeux, ils sont ailleurs. Donc, comment est-ce qu'on fait concrètement pour communiquer, pour inspirer sur cette thématique, et aussi pour créer la culture dont on a besoin pour créer ce, ce nouveau cadre. Alors, pour donner quelques exemples, nous, on a mené une enquête OCAI il y a quelques temps, qui nous a montré qu'on avait une culture qui était très chouette, très collaborative, très, très familiale. Et qui avait aussi des opportunités à travailler sur certains leviers pour continuer à la faire évoluer. Par exemple, à continuer à simplifier, à avoir un petit peu moins de hiérarchie ou de lourdeur dans les process. Et donc, c'est avec tout cet exercice qu'on a mis en place nos quatre valeurs, qui sont maintenant notre cadre de référence et qui nous inspirent. Donc, ce sont des valeurs qui sont réelles parce qu'elles vivent, mais qui sont aussi inspirationnelles parce qu'elles nous poussent à aller encore plus loin dans certains aspects. Je ne vais pas les citer toutes les quatre, mais je vais en donner deux pour illustrer. On a, par exemple, 'Simplifions avec empathie', qui est quelque chose qui vit beaucoup chez nous et qui est même repris parfois par certains collègues à l'oral. Donc on sent que c'est, c'est une thématique importante. Et puis aussi le fait d'innover avec passion. Ça, c'est par exemple deux valeurs qui sont notre boussole pour nous guider à travers ce trajet vers notre vision, dans le cadre de notre stratégie.
[Amélie Alleman] OK. OK. Tu me disais, en fait, l'écoute, c'est le point de départ. Tu veux rebondir là-dessus ?
[Alexandra Giroux] Oui, oui, l'écoute, c'est super important. D'ailleurs, nos valeurs, elles ont été déclinées en comportements. Et un des comportements, c'est qu'il faut écouter avant d'agir. Et c'est ce qu'on essaie, bien sûr, d'appliquer aussi dans la communication. Donc, dans le cadre de notre travail, une des choses qu'on fait avant tout, c'est écouter. Et on le sait, on a deux oreilles et une bouche, donc c'est ce qu'on devrait faire de manière logique. C'est important pour nous de pouvoir capter ce qui vit, quelles sont les préoccupations. Alors, on a différents, différents outils pour le faire. On a, bien sûr, des outils quantitatifs. Donc il y a les baromètres qui, régulièrement, donc une à deux fois par an, permettent d'avoir un suivi d'un certain nombre d'indicateurs.
[Amélie Alleman] Vous avez un outil que vous utilisez en interne ?
[Alexandra Giroux] Oui. On travaille avec Willis Towers Watson, qui nous permet, en fait, d'avoir aussi un benchmark avec les entreprises belges, les entreprises à haute performance. Donc ça, c'est intéressant pour savoir ce qui vit, là où on est super bons, et là où on a encore des points d'amélioration. Donc c'est vraiment un très bon outil sur lequel on se base pour lancer des initiatives des prochains mois. Et puis on a plein d'autres outils qui nous permettent d'avoir du quantitatif et du qualitatif. Un que je trouve très intéressant, c'est l'interview des nouveaux, enfin l'interview, c'est un formulaire que remplissent les nouveaux arrivants. Après quelques mois, on leur demande de décrire la culture de Partenamut.
[Amélie Alleman] OK.
[Alexandra Giroux] Et donc c'est intéressant, parce qu'eux, ils viennent avec un regard neuf.
[Amélie Alleman] Oui. Un peu comme des anthropologues.
[Alexandra Giroux] Clairement, oui. Et puis ils vont pouvoir, effectivement, confirmer ou infirmer ce que l'on essaie de mettre en place. Donc très intéressant. Il y en a, il y en a, il y en a d'autres, je ne vais pas tous les citer. Je voulais aussi insister sur le fait que le qualitatif, c'est aussi important. Et donc, une partie très agréable de notre job, c'est de pouvoir aller prendre des cafés ou aller luncher avec des gens pour écouter quelle est leur réalité, de quoi ils ont besoin, comment est-ce qu'on peut faire pour aider, pour être le plus pertinent possible. Pour essayer aussi de faire en sorte que les moments de communication que l'on crée répondent à leurs questions.
[Amélie Alleman] Oui. Non, je, je vois. C'est, c'est des pratiques… Moi, tu sais, je suis un peu déconnectée de l'entreprise, vu que je suis entrepreneure depuis, depuis très longtemps. C'est des pratiques innovantes ou ça se fait, ça se fait beaucoup dans les autres entreprises ? Tu as une idée ?
[Alexandra Giroux] Alors, pour avoir parlé avec des, d'autres communicants dans le cadre de l'ABCI, donc l'Association Belge de la Communication Interne… D'ailleurs, voilà, je profite de dire que pour tous ceux qui s'intéressent à la communication, c'est vraiment un endroit où il y a beaucoup d'idées qui circulent et il y a vraiment possibilité de pouvoir échanger avec des pairs. Donc ça, c'est vraiment super. Et donc, justement, un des sujets dont on avait parlé, c'était la stratégie d'écoute.
[Amélie Alleman] Oui.
[Alexandra Giroux] Et lorsqu'on en avait parlé, il y avait différentes choses qui étaient ressorties. Alors, déjà que, oui, ça se fait. Parfois, il y a une saturation aussi des enquêtes et une fatigue. De la même manière qu'on a parfois de l'infobésité à vouloir pousser, pousser de l'info, on a parfois une fatigue à dire : allez, répondez, répondez, répondez.
[Amélie Alleman] Oui. Surtout si on ne voit pas le but final.
[Alexandra Giroux] Absolument. Et ça, c'était aussi un des éléments qui ressortait. C'est très bien d'écouter, mais il faut absolument pouvoir créer une boucle où on écoute. On identifie des points d'attention, on met des priorités, on met en place des actions, et on reboucle en disant : merci de nous avoir donné ce feedback, grâce à ça, on va pouvoir améliorer telle ou telle chose. Parce que sinon, effectivement, on a des collègues qui vont répondre une, deux ou trois fois, mais à la fin, ils vont dire : OK, si je parle finalement et qu'on ne m'écoute pas, je ne vois pas l'intérêt. Voilà.
[Amélie Alleman] Un désengagement, quoi. OK. OK. Et le pouvoir du storytelling.
[Alexandra Giroux] Oui.
[Amélie Alleman] Qu'est-ce que tu entends vraiment par, par le storytelling visuel, justement, dans l'entreprise ?
[Alexandra Giroux] Oui. On a mis en place l'année dernière, donc avec les managers, avec les équipes, une histoire qui est notre histoire.
[Amélie Alleman] OK.
[Alexandra Giroux] On s'est fait aider de Cartoonbase, qui nous ont, ils nous ont vraiment beaucoup aidés pour pouvoir apporter de la clarté. Et donc c'est un peu ce dont on parlait tout à l'heure : l'émotion liée à la clarté. Et ça, c'est ce que le storytelling visuel nous a permis de donner. C'est-à-dire que, aujourd'hui, on sait qu'on a beaucoup d'informations, il y a des PowerPoint à lire, des notes stratégiques. Si on veut cascader ça aux équipes, il faut pouvoir avoir quelque chose de beaucoup plus synthétique et de beaucoup plus engageant. Et donc c'est dans ce cadre qu'on a fait appel au storytelling et…
[Amélie Alleman] C'est votre marque employeur en visuel, en fait.
[Alexandra Giroux] Alors, jusqu'ici, on l'a utilisé en interne. Donc ça n'a pas été communiqué en externe.
[Amélie Alleman] D'accord.
[Alexandra Giroux] Mais ça, effectivement, on peut dire que c'est un outil d'engagement et de création de sens en interne.
[Amélie Alleman] OK.
[Alexandra Giroux] Alors, pourquoi ? Ben parce que ça permet à chacun de comprendre comment il participe à un projet commun. Et alors, comment on a fait ? On a utilisé le framework de Pixar. C'est le framework qu'on retrouve dans toutes les histoires, qui est en quatre étapes. Alors, je vais donner l'exemple du Chaperon Rouge pour l'expliquer. Donc, il était une fois… une petite fille. Un jour, sa maman lui demande d'aller apporter un panier avec un petit pot de beurre, je crois, à sa grand-mère. À cause de ça, elle rencontre le loup, les péripéties, elle arrive chez sa grand-mère, jusqu'à ce que le chasseur arrive, ouf, résolution. Et en fait, ce canevas-là, c'est le canevas de pratiquement toutes les histoires, et c'est un canevas qu'on peut aussi appliquer à une entreprise. Et souvent, l'erreur qui est commise quand on communique, c'est que l'on dit : OK, on va mettre tout ça en place. Mais on n'explique pas forcément pourquoi, dans quel contexte. Et donc, c'est quelque chose, c'est un framework qui permet de s'assurer qu'on raconte quelque chose de cohérent. On a une situation initiale. Un jour, il y a un élément perturbateur. Donc, dans le cas des mutuelles, ça pourrait être l'augmentation des maladies chroniques, les défis géopolitiques. Enfin, donc voilà, chacun peut avoir son interprétation. À cause de ça, il y a des obstacles et puis il y a des solutions, jusqu'à ce que… Et ça, ça permet d'expliquer la vision. Et ce que j'aime bien, en fait, dans ce framework-là, c'est qu'il apporte de l'authenticité.
[Amélie Alleman] J'allais te demander comment vous faites pour ne pas tomber dans du lisse. C'est ça ?
[Alexandra Giroux] Oui, c'est, ben en fait, je pense que c'est vraiment ça qui est bien avec cette approche, c'est qu'on est… on va parler des défis. On va expliquer que, dans le cadre du contexte que l'on rencontre, il y a un certain nombre de problématiques auxquelles il faut pouvoir répondre. Et donc, le fait d'utiliser cette courbe narrative permet de montrer les défis en toute authenticité, sans essayer de planquer sous le tapis des choses dont on ne voudrait pas parler. Et c'est ça, en fait, que j'aime bien, et c'est ce qu'on retrouve dans toutes les histoires. Il y a des problèmes à un moment. Ce n'est pas : il était une fois une dame, et puis tout alla bien, et c'est la fin de l'histoire. Il faut qu'il y ait des embûches, qu'il y ait des défis. Et je trouve que c'est ça qui va apporter toute la crédibilité à l'histoire : c'est que l'on va parler justement des points d'amélioration que l'on a, des problématiques terrain qui vivent, et on va le faire en toute authenticité.
[Amélie Alleman] C'est ce qui vous empêche d'aller dans le bullshit ?
[Alexandra Giroux] Alors oui, le bullshit, c'est vrai que l'on essaie de l'éviter au maximum.
[Amélie Alleman] Sorry, c'était un peu direct.
[Alexandra Giroux] Oui, oui, je pense, je pense que le mot est important. Et d'ailleurs, il y a une sémiologue, Élodie Mielczareck, qui a écrit un livre sur le bullshit et qui parle aussi de l'importance de ce mot. Et elle expliquait que quand elle a écrit son livre, elle n'a pas voulu utiliser le mot 'baliverne' ou d'autres mots français qui étaient trop doux, parce que pour elle, c'est tellement important de montrer à quel point c'est un danger à éviter qu'elle voulait vraiment utiliser ce mot. Et oui, je suis convaincue qu'on a tous un bullshitomètre intégré. qui va, qui est très réactif, en fait, et si à un moment on n'est pas authentique dans la communication ou qu'on glisse vers de la fake news… Mais bien sûr, on va faire pire que mieux, parce que les gens à qui on parle vont s'en rendre compte. Donc, je pense que c'est vraiment éthiquement très important de toujours s'assurer que ce qu'on dit, dans les limites que l'on connaît, qui sont le respect, le GDPR, mais qu'on essaie le plus possible d'être authentique dans les messages qu'on fait passer.
[Amélie Alleman] Et comment vous faites, justement, pour être, pour être alignés ?
[Alexandra Giroux] Alors, ce qui est important, c'est que pour être alignés, au niveau de la culture, il faut que l'histoire qu'on raconte au niveau de la communication, on la retrouve dans tout ce qu'on voit. Il faut qu'on la retrouve dans les décisions, il faut qu'on les retrouve dans les comportements, il faut qu'on la retrouve dans le bâtiment, dans le design organisationnel. En fait, quand tout ça est cohérent, là, on a cet alignement. Et et donc, on doit vraiment être vigilants pour traquer ce qui ne serait pas cohérent. Et d'ailleurs, j'ai envie de dire, en tant qu'équipe, on n'a pas besoin de le traquer, parce qu'assez régulièrement, les gens viennent nous interpeller. En disant : ah oui, mais j'ai vu ça. Est-ce que ça, c'est vraiment logique par rapport à la culture ? Et donc, assez, assez régulièrement, on a l'occasion de parler, de débattre, et je pense que c'est important de pouvoir discuter, parce qu'il n'y a pas toujours de bonne réponse ou de réponse arrêtée sur ces sujets.
[Amélie Alleman] Et qui sont, selon toi, les meilleurs ambassadeurs ? Les managers, les employés, les leaders, les RH ?
[Alexandra Giroux] Alors, dans le livre 'Activer l'ADN de votre organisation', il est dit qu'un escalier se balaye par le haut.
J'aime beaucoup cette citation qui montre que…
[Amélie Alleman] Ce qui n'est pas faux.
[Alexandra Giroux] Ce qui n'est pas faux. Ce qui est tout à fait vrai. Et j'aime beaucoup cette citation parce qu'elle montre l'importance des leaders qui vont incarner, en fait, les valeurs, les comportements, et qui vont être cet exemple. Donc, bien sûr, eux ont un rôle très important. Nous, on a aussi un comité Culture avec des personnes qui viennent de différents départements et qui sont aussi là pour être les gardiens de la culture, pour challenger aussi : tiens, on a lancé tel projet, comment est-ce qu'on pourrait adapter des choses pour que ce soit encore plus logique par rapport à notre culture. Mais j'ai envie de dire, les meilleurs ambassadeurs, ce sont ceux à qui on n'a pas donné de badge, on n'a pas donné de pins, et qui spontanément… Ah oui, voilà. Et il y en a. On a vraiment la chance, chez Partenamut, d'avoir des collègues ultra-engagés, et je vois régulièrement, par exemple, dans des e-mails : #SimplifionsAvecEmpathie. Je me dis : là, c'est génial. Voilà, quand les gens portent la culture, là, c'est, c'est vraiment le top.
[Amélie Alleman] Quels sont vos outils internes pour partager justement cette communication chez Partenamut ?
[Alexandra Giroux] Oui. Alors, comme on parlait de l'écoute, je vais commencer par ces canaux-là. Donc, des canaux qui nous permettent de capter, de quantifier ce qui vit à travers d'enquêtes ou d'échanges informels que l'on peut avoir. On a aussi des rituels. Donc on sait que c'est important dans une entreprise d'avoir des rituels. Donc on a des sessions à destination des managers et fonctions transversales, quatre fois par an.
[Amélie Alleman] OK.
[Alexandra Giroux] Ainsi qu'un questions-réponses ouvert à tous les employés. Et donc ça, c'est, il est généralement très apprécié, parce que chacun peut envoyer ses questions dans les différents départements. Et puis on a le directeur général et le directeur général adjoint qui sont là, sans filet, et qui découvrent les questions en direct et qui répondent sans filtre. Donc ça, c'est un bel exercice d'authenticité, c'est généralement apprécié. Et puis on a maintenant notre storytelling toolkit qui nous permet de raconter une histoire cohérente et consistante pour aider chacun à faire du sens.
[Amélie Alleman] Chouette. Écoute, si je viens une fois chez Partenamut, je serai ravie de voir ça.
[Alexandra Giroux] Eh ben, tu es la bienvenue, avec grand plaisir.
[Amélie Alleman] Tu vois, je m'invite. Avec grand plaisir. Quel conseil, en fait, tu donnerais à une entreprise qui souhaite justement transformer sa stratégie en récit, et par où commencer, en fait ?
[Alexandra Giroux] Oui. Donc, prendre le pouls de l'organisation, comprendre les défis. Créer une histoire à la Pixar.
[Amélie Alleman] À la Pixar.
[Alexandra Giroux] Voilà, à la Pixar, effectivement, dont les héros, si possible, sont les employés.
[Amélie Alleman] Si on pouvait arrêter de parler du loup, parce que mon fils, il est traumatisé par les loups.
[Alexandra Giroux] Lui, il est traumatisé.
[Amélie Alleman] C'est marrant, à des moments complètement incongrus, il me sort : les loups. Non, on n'a pas de loup.
[Alexandra Giroux] Et alors, pour finir, je dirais qu'un des grands défis dans la communication aussi, c'est élaguer. Parce qu'on veut dire, dire, dire, il y a, il y a beaucoup, mais le cerveau, en fait, ne peut pas assimiler autant. Donc c'est vraiment choisir des messages clés et simplifier au maximum.
[Amélie Alleman] Oui, ça va, c'est, c'est logique, mais c'est vrai qu'à force de tout vouloir dire, on perd vite de vue, quoi.
[Alexandra Giroux] Oui.
[Amélie Alleman] Si tu avais, Alexandra, une baguette magique, tu rêverais, en fait, de quelle expérience collaborateur demain chez Partenamut ?
[Alexandra Giroux] Alors, je pense que l'expérience collaborateur idéale, elle se situerait dans un triptyque qui serait fait de trois points. Donc, un, avec la sécurité psychologique. Très important pour pouvoir s'exprimer, etc. Le sens, pour comprendre où on va, et la reconnaissance, parce que ça, ça va nous donner de l'énergie pour avancer. Donc si on arrive à tendre vers cet équilibre, je pense qu'on aura réussi.
[Amélie Alleman] Super. Est-ce qu'il y a des questions que j'aurais dû te poser et que je ne t'ai pas posées ?
[Alexandra Giroux] Alors, pour être cohérente avec le fait de simplifier avec empathie les messages, je dirais qu'on a tout dit.
[Amélie Alleman] Ça, c'est joli, c'est joli. Toutes les questions étaient vraiment bien ciblées. Je te remercie pour ton temps. Merci beaucoup Alexandra, c'était un plaisir de te recevoir aujourd'hui.
[Alexandra Giroux] Merci beaucoup Amélie.