Le cancer au travail : un enjeu RH et humain majeur
Catherine Choque
Épisode #28

Catherine Choque
Épisode #28
Dans ce 28ème épisode de HR Stay tuned, on s’attaque à un sujet aussi sensible que crucial : le cancer au travail.
J’ai eu le plaisir d’échanger avec Catherine Choque du groupe Cesi, qui partage avec courage son vécu personnel et professionnel autour de cette maladie. On parle accompagnement, reprise progressive, rôle des RH, mais aussi de l’importance de maintenir le lien et de considérer le travail comme ressource.
Un épisode nécessaire, humain, et profondément inspirant 🎧
🔗 Linkedin : https://www.linkedin.com/in/catherine-choque-bb861626
🔗 Cesi : https://www.cesi.be
Amélie Alleman: Alors bonjour et bienvenue dans notre podcast HR Stay Tuned de Betuned, un podcast HR inspirant, un moment où l'on se pose et on parle innovation HR et tendance du marché. Alors je m'appelle Amélie Alleman et je suis la fondatrice de Betuned, la nouvelle manière de recruter et de développer votre marque employeur. Et aujourd'hui, je suis en compagnie de Catherine Choque, donc du Cesi. Catherine, bonjour.
Catherine Choque: Bonjour.
Amélie Alleman: Merci de te prêter au jeu. Et en plus, ce qu'il faut dire, c'est qu'on a décidé de changer le sujet du podcast il y a littéralement 5 minutes. Donc merci de relever le challenge. Mais Catherine, je te laisse te présenter peut-être ?
Catherine Choque: Oui. Alors, je travaille au sein du groupe Cesi. Le groupe Cesi est composé de deux entités. Une première entité qui est un service externe de prévention et de protection au travail, qui accompagne nos affiliés, les entreprises qui sont affiliées chez nous pour mener leurs politiques, leurs mesures de prévention et de protection pour la santé et le bien-être au travail. Et puis alors il y a une deuxième entité qui est One, qui est notre filiale One, qui là est une société spécialisée dans tout ce qui est justement formation, accompagnement, consultance également dans tout ce qui est management, ressources humaines et santé globale au travail. On vient vraiment compléter les missions du service externe et ainsi on remplit, on répond en tout cas à toute la chaîne de valeur et à toutes les demandes potentielles qu'une entreprise, une organisation pourrait rencontrer.
Amélie Alleman: Ah ben écoute, je connaissais pas le Cesi One, donc merci. Comme ça je comprends mieux la démarche. OK. Et et toi Catherine ?
Catherine Choque: Qu'est-ce que j'y fais ?
Amélie Alleman: Qu'est-ce que tu, tu veux te présenter un petit peu ton parcours ?
Catherine Choque: Bien sûr. Alors, mon parcours au sein du du groupe Cesi. Donc déjà, je suis, enfin je suis formée, je suis psychologue clinicienne. Je suis psychothérapeute systémicienne aussi. Donc j'ai cette approche systémique qui est chère à mon corps. Je suis rentrée au Cesi, il y a déjà de ça 7 ans en tant que conseiller en prévention aspect psychosociaux. Donc c'est un des un des types de conseiller en prévention à côté du conseiller en prévention médecin du travail, du conseiller en prévention ergonome, du conseiller en prévention hygiéniste, sécurité, et cetera.
Amélie Alleman: OK.
Catherine Choque: Ensuite, je suis passée chez One. J'étais responsable de la gamme de service Sensecare qui est la prévention et l'accompagnement du burnout.
Amélie Alleman: OK.
Catherine Choque: à partir et pour les entreprises et avec les entreprises.
Amélie Alleman: qui sera notre qui sera notre prochain sujet.
Catherine Choque: Voilà, donc belle introduction. Et maintenant, depuis un an, je suis conseillère à la direction générale, au Vicaudire aussi du comité de direction du groupe Cesi pour tout ce qui concerne les partenariats, la relation publique. Je suis porte-parole du groupe aussi et donc voilà. Donc c'est ce que on travaille, on essaie de d'avoir de d'innover aussi, on essaie de de travailler avec nos équipes, de les mettre en avant. Et ça c'est mon boulot depuis depuis un an au sein du groupe.
Amélie Alleman: Ah chouette. Donc en lumière pour vraiment pouvoir transmettre tout ce qui se passe.
Catherine Choque: On peut dire ça. Ouais, tout à fait.
Amélie Alleman: Ouais. Aujourd'hui, on va parler du du cancer au travail. Euh, tu peux me dire pourquoi c'est un sujet qui dont tu voulais parler ?
Catherine Choque: Alors, c'est un sujet important parce que c'est un, alors c'est un un sujet, une thématique, le cancer qu'on qu'on essaie déjà de mettre un peu loin de nous pour plein de raisons diverses et variées parce que des fois ça fait peur.
Amélie Alleman: Ça fait peur, ouais.
Catherine Choque: Parce que c'est toutes nos représentations, parce qu'on en est plus ou moins touché, plus ou moins parce qu'on connaît quelqu'un de loin ou soi-même dans notre parcours. Au travail, on en parlait pas beaucoup et c'est un peu un sujet un peu inédit, original en ce moment parce qu'on parle de maladie grave à côté bien sûr du burnout ou des maladies chroniques. Je suis touchée par la thématique aussi parce que pendant le Covid, on a justement travaillé avec mes équipes en interne sur justement cette thématique de prévention. Bien sûr, ça c'est un peu notre nos missions actuelles au sein du groupe Cesi, au sein du service externe et avec tous nos collègues et nos collaborateurs avec les entreprises. Mais bien entendu aussi, quand ça arrive, quand le cancer est là, quand la maladie est là pour un collaborateur, ça peut impacter bien sûr le collaborateur, mais aussi l'ensemble de ses collègues, de son travail, et cetera. On avait déjà travaillé en interne, on avait organisé des tables rondes avec des managers, des ressources humaines, mais aussi avec des collaborateurs pour essayer de proposer différents services et produits de prévention, d'accompagnement, de formation. On a travaillé aussi avec un partenaire, on aime beaucoup travailler avec des partenaires clés au sein du groupe Cesi, notamment Magali Mertens qui a son ASBL qui est travail et cancer justement, qui a travaillé qui est vraiment dans dans le domaine depuis une bonne dizaine d'années.
Amélie Alleman: D'accord.
Catherine Choque: Et puis se rajoute le fait que personnellement j'ai rencontré la maladie ou en tout cas elle s'est invitée dans ma vie. En 2023, j'ai dû être moi-même être absente pendant une année et donc j'ai j'ai eu un cancer du sein.
Amélie Alleman: OK.
Catherine Choque: Et donc voilà, quand je suis revenue il y a un an pour moi, c'était très important de pouvoir relancer en tout cas cette cette cette dynamique.
Amélie Alleman: Ouais, j'imagine.
Catherine Choque: Et d'ailleurs, on a choisi en interne de chaque chaque année, on choisit un thème annuel sur lequel on travaille en particulier ou dans lesquels aussi on on crée des partenariats. Et donc cette année, on a c'était vraiment travail et cancer cette thématique là.
Amélie Alleman: Donc voilà. J'imagine, ça fait sens.
Catherine Choque: Ça fait clairement sens. Et chapeau. Tu prends assez de recul que pour pouvoir justement le porter, c'est c'est une mission que tu t'es donné personnellement aussi ?
Catherine Choque: Oui, c'est une thématique qui me tient très à cœur. Très à cœur parce que ben déjà j'étais touchée en tant que professionnelle quand j'avais travaillé avec mes collègues et les différents partenaires et aussi les différentes entreprises. Mais quand je l'ai vécu, là je suis je me suis retrouvée du côté patiente. J'ai vécu une une sacrée expérience. Je dirais même déjà une bonne expérience qui m'ont permis aussi de d'acquérir plein de compétences. Bien sûr, je n'ai pas travaillé pendant un an total. J'ai repris aussi en 2024 progressivement. Mais ça m'a donné plein de compétences. Et c'est par exemple un des messages que j'aimerais bien faire passer, c'est oui, on connaît la maladie, oui, c'était une sacrée épreuve, mais on acquiert aussi plein d'autres compétences qui peut après être être valorisé au sein de son entreprise.
Amélie Alleman: Oui, j'imagine.
Catherine Choque: Notamment cela.
Amélie Alleman: Une fois que c'est géré, quoi.
Catherine Choque: Une fois que c'est géré et du moment bien entendu que le travail continue à faire ressources, que les contacts est maintenu aussi pendant l'absence et aussi que le retour se passe dans les meilleures conditions.
Amélie Alleman: Oui.
Catherine Choque: Un autre message que j'aime bien faire passer aussi, c'est que le travail peut vraiment faire ressources. Dès l'instant, bien sûr, où il se fait, il se passe dans les meilleures conditions. Je pense personnellement, en tout cas dans mon expérience, le lien a été maintenu, j'ai reçu plein de soutien de mes collègues et ça c'était très important parce que quand on nous annonce le diagnostic, c'est inopiné, c'est brutal, non seulement pour parce que on a un diagnostic de cancer, mais aussi parce que du jour au lendemain notre vie change du tout au tout. On dit souvent qu'il faut anticiper, préparer, et cetera. Là, il y a même pas moyen de de préparer quoi que ce soit. On rentre dans cette...
Amélie Alleman: C'est "tiens, la gifle et démerde-toi".
Catherine Choque: Et on rentre dans la machine du médical, on découvre un tout autre monde et on ne sait même pas se projeter. Rappelez-vous le Covid quand on était confiné, on a été dans l'incertitude totale, on ne savait pas ce qui allait se passer. C'est exactement la même chose qui s'est passée pour à partir du diagnostic de cancer.
Amélie Alleman: Eh ben. C'est vrai que moi j'ai j'ai une de mes ex-compagnes qui a eu, enfin on n'était déjà plus ensemble mais qui a eu, mais ça fait déjà quelques années qu'elle qu'elle qu'elle se bat et donc elle a eu plusieurs rémissions et c'est vrai qu'en fait chaque fois je me disais mais pourquoi tu continues à bosser ? Mais je pense que c'est important de garder ce sens et de garder aussi des piliers dans ta vie parce que sinon on se retrouve en dehors peut-être, je sais pas, peut-être en dehors du réel ou dans une trop dans un dans une bulle maladie. Je sais pas.
Catherine Choque: Oui, clairement. Je je on a besoin de, j'aime pas ce terme parce que je suis, on n'aime pas ce terme la normalité, on a besoin de normalité. On on est éjecté de la scène d'une certaine manière, de manière très brutale. Et d'autant plus, je dirais quand quand son boulot, son métier est est un métier passion où on est très impliqué, très engagé, et cetera, c'est c'est c'est très brutal. Et alors du jour au lendemain, on se retrouve à côté. Bien entendu, la première phrase d'ailleurs que je me suis dite quand on m'a donné le diagnostic, c'est maintenant tu vas devenir ton seul et unique projet. Presque enfin. Bon, à postériori, je me suis quand même dit, tu avais quand même été jusqu'à te dire ça, c'est quand même pas rien, mais c'est vrai que en amont, je pense que j'avais déjà travaillé sur certaines choses, de mettre mes limites, de préserver cette fameuse frontière équilibre vie professionnelle vie privée. Mais là, finalement, c'est un peu ça un des messages de la maladie aussi, cette cette ce message qu'il m'a donné, c'est voilà, maintenant, voilà, tu vas pouvoir t'occuper de toi, plus des autres, plus des projets, plus tout ça, que ce soit dans ma vie professionnelle ou privée. Maintenant c'est toi, toi et toi.
Amélie Alleman: Oui.
Catherine Choque: Voilà. Me, myself and I. Et voilà. Et donc ça, ça m'a permis aussi, ça m'a appris pas mal de choses, ça m'a permis de mettre en balance plein de choses aussi.
Amélie Alleman: J'imagine.
Catherine Choque: Donc voilà.
Amélie Alleman: Mais merci en tout cas de de de témoigner aussi ouvertement et d'avoir, allez, justement, je veux dire, loin du bullshit, tu peux apporter du concret dans dans dans dans ce que tu dans ce que tu défends. Tu me disais juste avant qu'on lance l'épisode qu'il y a une personne sur trois qui est impactée ?
Catherine Choque: Au cours de sa carrière professionnelle, il y a une personne, un travailleur sur trois effectivement qui sera touché par le cancer. C'est une maladie en fonction des différents cancers, ben voilà, qui peut avoir des des prévalences importantes. En fonction du cancer aussi, on a des pronostics, enfin là, on a des des récidives ou des des pronostics vitaux qui sont plus ou moins importants et donc oui, effectivement. Donc pour moi, et là j'aimerais bien amener des prises de conscience, c'est le premier pas pour amener des pistes d'action. Comment on sera touché ? Alors par le cancer soi-même en tant que collaborateur, mais ça c'est sans compter toucher indirectement par une personne proche. Je pense que le monde du travail doit clairement considérer cette question là.
Amélie Alleman: Mais c'est énorme. Une personne sur trois mais quel impact. Ouais, ouais. Dans au moins dans sa carrière professionnelle, c'est énorme.
Catherine Choque: Oui, effectivement. C'est c'est assez hallucinant. Et donc du coup, quel impact vous, qu'est-ce que vous prônez justement pour à la fois, je veux dire aider les travailleurs, les managers, les collègues, et cetera. Qu'est-ce que... Par quoi ça commence ?
Catherine Choque: Alors, c'est c'est un peu une même approche globale. On essaie vraiment de par où ça commence, ben déjà de faire un état des lieux. Souvent de voir un peu où ça en est. Les entreprises souvent nous contactent spontanément ou bien alors on vient leur parler aussi des des différents services qu'on peut proposer. Quand on parle de maladie grave ou de cancer, ils viennent plus nous parler voilà, c'est ce qu'on est en train de vivre. Et c'est vrai que on est tout à fait en mesure d'accueillir en tout cas leurs demandes, ne serait-ce que parce qu'on est dans la santé et on est dans le bien-être au travail. Alors nous on est vraiment dans la prévention, donc la médecine du travail, tout ce qui est sécurité et cetera, essaie de prévenir plutôt que guérir les risques. Donc on essaie d'être d'empêcher finalement que toute maladie arrive. Alors, il y a aussi bien entendu le cancer quand il est là. Là, on essaie vraiment d'accompagner à la fois individuellement, collectivement. Donc collectivement, c'est-à-dire avec l'équipe autour de la personne si elle en a une, avec son manager, mais aussi organisationnellement. En essayant de justement de donner des des formations. Qu'est-ce qu'on doit faire ? Qu'est-ce qu'on doit dire ? De préparer le retour aussi si la personne a été absente, mais aussi qu'est-ce qu'on fait si la personne avec un cancer décide finalement parce que son travail fait ressources, parce que c'est des relations sociales, parce que c'est du soutien aussi, décide de rester aussi sur le lieu de travail.
Amélie Alleman: Il y a des bonnes pratiques pour adapter justement le...
Catherine Choque: Alors, en règle générale, oui, il y a plein de bonnes pratiques. Maintenant, je pense qu'aussi ce qui est important, c'est de pouvoir faire du cas par cas. C'est de pouvoir aussi à la fois s'adapter aux besoins de la personne. Elle-même ne sait pas répondre à ses besoins parce qu'elle n'est pas toujours en mesure de savoir comment elle va vivre les les traitements. Si je vais si je vais là, c'est aussi une si je parle de mon expérience personnelle, c'était aussi quelque chose que j'ai j'ai vécu et que j'ai expérimenté, c'est le fait que je ne savais pas comment allait se passer ma journée en fonction et même d'une chimiothérapie à l'autre, je on a toujours envie de savoir. Ben la première ne ressemblait pas à la 6e et ne ressemblait pas à la 4e. Et donc, je pense que ça demande beaucoup d'écoute active, ça demande beaucoup de d'être attentif aux besoins de la personne, mais sans oublier aussi le besoin de l'équipe parce que la personne fait partie aussi d'une équipe et donc c'est important de pouvoir voir voilà, de flexibilité, de lui permettre d'aller faire ses traitements par exemple. Ça c'est bien sûr s'il est maintenu au travail. Mais bien sûr d'être attentif aussi à l'équipe. De donner aussi des outils et des clés aux managers et aux équipes parce que ça peut renvoyer à leurs propres défenses, à leurs propres stress aussi par rapport à cette maladie.
Amélie Alleman: L'écoute active, c'est le principal conseil que tu donnerais à un manager ou aux collègues ?
Catherine Choque: L'écoute active, la bienveillance, ne pas avoir peur de poser des questions. Leur présence est essentielle. Souvent, il y a des même des collègues, enfin des mes collègues qui me disaient moi je t'ai pas contacté parce que je savais pas quoi te dire. En fait, il y a pas grand-chose à dire. Je pense qu'il y a juste effectivement d'être présent, des petits mots de soutien, que la personne soit absente ou pas, ça ça me paraît indispensable. Et puis de la formation aussi. La formation pour le retour au travail, pour le maintien au travail, des formations pour avoir des différents tips et outils pour pouvoir aussi gérer cette difficulté, adapter le poste de travail, éventuellement au niveau ergonomique, au niveau aussi voilà des des tâches à donner. Est-ce qu'on donne la même activité, les mêmes tâches ? Parce qu'il faut quand même savoir que ben la maladie même après cancer ou même pendant, ben elle impacte clairement le cognitif, elle elle donne elle donne elle donne une certaine fatigue aussi. Donc c'est vraiment se montrer souple et flexible. Ce qui n'est pas toujours évident hein, parce qu'à un moment donné on doit être performant, répondre à certains objectifs et cetera, il faut avancer mais pour moi c'est quand même la clé. Que ce soit pour une maladie grave, une maladie chronique, un profil un peu atypique ou un des premiers stades d'épuisement, pour moi ce qui c'est vraiment important, c'est que le bien-être, la santé est au service finalement de la performance et des objectifs d'une d'une organisation.
Amélie Alleman: Vous rencontrez de plus en plus des des HR qui viennent vers vous pour être formés ou qui...
Catherine Choque: C'est au compte-gouttes, au compte-gouttes. En tout cas, on a les services et on peut proposer, mais c'est vrai que c'est pas encore une réalité. Je pense que quand même la le une des grands avantages, je le dis souvent du Covid a permis justement d'être beaucoup plus ouvert à tout ce qui peut être santé mentale.
Amélie Alleman: Oui, c'est ça, c'est un gros mot.
Catherine Choque: C'est plus un gros mot. On avant, encore avant, avant 2020, on disait que santé mentale c'était psychiatrique et c'était lié à la sphère privée. Maintenant de moins en moins. Donc on considère vraiment une personne comme une...
Amélie Alleman: On démystifie, oui.
Catherine Choque: Voilà, on est et ça c'est très ça c'est très bien.
Amélie Alleman: Oui, clairement.
Catherine Choque: Et donc finalement maintenant on se permet de parler à la fois de burnout mais aussi de maladie, maladie grave au travail parce qu'on est beaucoup plus conscientisé, parce que aussi le département RH ben a des grands défis à relever et je pense qu'ils sont très fort sollicités par rapport à cela.
Amélie Alleman: Oui.
Catherine Choque: RH mais aussi tous les acteurs de la prévention interne, enfin interne mais aussi externe évidemment. Et donc ça on on on a de plus on est de plus en plus enclin à à travailler sur cette thématique là et pour moi c'est très bienvenu.
Amélie Alleman: Clairement. Et et le retour au travail ?
Catherine Choque: Alors, oui, le retour au travail. Alors là, un retour au travail, ça se prépare. Ça c'est sûr. J'ai surtout des fois on pense que ça se prépare en une semaine, je retourne. Non, franchement que ce soit pour le travailleur, que ce soit pour l'organisation ou l'entreprise, ce qui est important, ce que je dis toujours, c'est en moyenne deux trois mois de préparation.
Amélie Alleman: D'accord.
Catherine Choque: C'est toujours intéressant d'aller rencontrer ses RH, son manager pour retourner au travail. Histoire ben voilà, de d'échanger et de voir un petit peu quels sont les besoins spécifiques de la personne qui souhaite retourner au travail, mais aussi de l'équipe, de l'organisation, de l'informer s'il y a eu des éventuels changements pendant son absence plus ou moins longue. Je dis souvent aussi que revenir à un travail après plusieurs mois d'absence, c'est presque comme un onboarding.
Amélie Alleman: Oui.
Catherine Choque: Des fois, enfin, il faut quand même expliquer les éventuels changements qu'il y a eu. Peut-être qu'on ne va pas nécessairement proposer les mêmes activités ou les mêmes fonctions. Peut-être qu'on va même proposer une autre fonction à la personne. C'est toujours intéressant de pouvoir en discuter, voir comment est l'équipe, s'il y a eu des changements dans l'équipe.
Amélie Alleman: Toi tu as changé de de fonction à ce moment-là ?
Catherine Choque: Et bien oui. J'ai changé de fonction à ce moment-là.
Amélie Alleman: C'était un souhait de repartir sur quelque chose de nouveau ?
Catherine Choque: Oui, tout à fait. J'ai beaucoup aimé travailler chez One et déployer différents justement services d'accompagnement de de santé globale. Maintenant, j'ai été remplacée aussi. Et donc il y a il y a une de mes remplaçantes qui pendant un an a
Amélie Alleman: pris le job.
Catherine Choque: Voilà, pris le job et ça a pas dû être simple du tout parce que voilà, il y avait beaucoup et et en même temps voilà, retourner, je trouve que c'était à la fois respecter la collègue et l'équipe qui s'était aussi adaptée, qui avait trouvé un autre fonctionnement.
Amélie Alleman: Malheureusement le business continue et tu peux pas...
Catherine Choque: Effectivement. Et et en même temps oui, comme tu le dis, c'était vraiment quelque chose de nouveau et j'avais envie de redémarrer avec quelque chose de nouveau. Ce qui était très agréable aussi et très chouette de la part de mon directeur général, la directrice des ressources humaines, c'est que ils se sont vraiment questionnés, même avec les autres directeurs et avec les collègues, enfin, quels sont aussi les atouts de Catherine ? Et voilà, ils m'ont proposé cette fonction, une toute nouvelle fonction que j'ai dû créer aussi, que j'aime bien aussi créer, c'est des beaux challenges, des beaux défis. Et donc voilà, la confiance était là et ça, ça m'a fait beaucoup de bien.
Amélie Alleman: Voilà. Et en plus ça fait sens. Je pense que ça c'est clairement un poste sur mesure entre guillemets.
Catherine Choque: Ouais. Ouais, ouais.
Amélie Alleman: Super. Ben, je pense que oui, je comprends que ça doit être un bon, après ton projet de t'être d'avoir pris soin de toi, ça doit être gay aussi de repartir sur quelque chose de différent, peut-être pour avancer et ouais.
Catherine Choque: Oui. Et puis alors aussi c'était adapté parce que là je parlais de la préparation, il y a eu le retour, il y a eu une attention aussi à comment je reprenais le travail et puis et puis après ça s'est fait progressivement aussi mon retour au travail. Donc je pense que c'est très important de se montrer attentif, que ce soit avec les collègues, le manager, les ressources humaines aussi et de voir comment la personne s'adapte. Alors une des particularités quand même, c'est pas parce qu'on retourne au travail qu'on est en rémission, qu'on est sorti de ce cancer. Je pense que oui, on est en rémission, la maladie est derrière nous, mais on a plein d'autres traitements, on a plein d'autres préventions.
Amélie Alleman: C'est un process de de 5 ans, non, on va dire plus ou moins ?
Catherine Choque: 5 à 10 ans maintenant. Je parle de l'hormonothérapie. On pense que l'hormonothérapie c'est un petit traitement.
Amélie Alleman: Carrément. OK.
Catherine Choque: Je dis souvent que je préférais, peut-être que je vais en choquer certaines mais ou certains, mais en tout cas personnellement comment moi j'ai vécu les chimio, je préférais vivre deux chimio de 3 ans de 3 mois et demi plutôt que de me dire que je suis en hormonaux pendant 5 à 10 ans.
Amélie Alleman: OK.
Catherine Choque: Mon oncologue me disait la semaine passée que l'hormonothérapie évite, en tout cas pour le cancer du sein hormonodépendant, évite, on évite enfin beaucoup de récidives, mais alors celles deviennent de plus en plus fortes et de plus en plus longues. Et on on il y a des études qui ont montré justement que en terme de qualité de vie, c'était vraiment très très dur et très très lourd pour beaucoup de femmes et d'hommes hein, parce que le cancer du sein voilà, mais pour d'autres cancers, enfin d'autres cancers aussi quand les traitements continuent, je pense aussi à d'autres traitements au niveau du cerveau, des choses comme ça où les traitements doivent continuer. Et donc ça continue quoi. Donc c'est pas parce que aussi même une personne va se mettre en temps plein que elle en est complètement sortie.
Amélie Alleman: Tout à fait.
Catherine Choque: Et donc il y a aussi à la fois ça fait peur d'en parler. Oui, ça fait peur d'en parler et en même temps, je pense que il y a la tendance quand même sur le monde du monde du travail mais aussi ailleurs dans la sphère privée de dire voilà, c'est passé, va de l'avant et cetera, arrête de me parler de ça. Et pourtant on reste avec tous ces questionnements et tous ces impacts sur notre qualité de vie.
Amélie Alleman: Oui, parce que tu prends toujours un traitement et donc ça impacte quand même ta vie, ta santé.
Catherine Choque: Exactement. Ouais, tout à fait.
Amélie Alleman: OK. Ouais ouais, c'est je pense qu'il y a certainement ce désir un peu plus fort que nous de se dire bon allez, j'avance et et je vois du positif mais en même temps ben la réalité ta réalité a changé.
Catherine Choque: Oui, c'est ça. Ben ma réalité a changé, mon état d'esprit a changé, ma manière d'appréhender les choses. Il y a encore des des consultations aussi au-delà du traitement, donc des consultations de kiné une fois par semaine. Donc voilà, des douleurs parce qu'il y a de la radiothérapie et donc ça a touché les les les les muscles et cetera et donc ça ça apporte des tensions, ce qui me donne aussi des maux de tête. Enfin voilà, il y a tout ça en fait. Et ça bien entendu, on peut évidemment en parler. Mais donc c'est toujours un peu l'équilibre à trouver entre je veux pas ne plus en parler, je veux pas ne pas en parler, je veux pas mettre un couvercle, je veux pas être dans le déni. Et en même temps, je veux pas trop en parler non plus parce que sinon ça ferait un peu celle qui ferait un petit peu un peu caliméro ou qui n'arriverait pas à déplacer des choses et puis on risque un peu d'embêter, de faire peur aussi encore de nouveau à nos collègues. Et donc c'est très subtil à trouver. Alors bien entendu, ça je parle de moi, il y a peut-être des personnes qui ont envie de mettre un couvercle et c'est très bien.
Amélie Alleman: Oui, chacun le vit à sa manière, mais bon.
Catherine Choque: Voilà. Exactement. Et puis alors on on est plus ou moins, enfin on a nos nos signes et nos symptômes qui sont plus ou moins importants en terme physique, cognitif, psychologique. Là on n'est pas tous égaux par rapport à ça.
Amélie Alleman: Tu tu as, ben déjà ici au Cesi, c'est une une allez, une super initiative hein d'avoir créé ce ce job pour pour toi. Donc je pense que c'est vraiment plus humain que ça, enfin je veux dire c'est le cœur de leur métier donc c'est top.
Catherine Choque: Ils en avaient besoin aussi hein, donc c'était déjà dans le oui.
Amélie Alleman: Ouais, clairement. Et tu tu as déjà vu d'autres initiatives un peu inspirantes comme ça ou tu t'es dit waouh, c'est ou ou des cultures d'entreprise ou...
Catherine Choque: Ah ben oui, je peux déjà citer l'entreprise avec laquelle on organise notre événement la semaine prochaine, le 18 février, qui est BNP Paribas avec Anne Valérie Cérone.
Amélie Alleman: D'accord.
Catherine Choque: qui elle a elle-même vécu cette épreuve-là, qui est revenue un petit peu, je raconte un peu son histoire ici, ce serait intéressant de de l'interviewer aussi. Mais qui elle de ce qu'elle de ce qu'elle m'a raconté, est revenue un peu allez, pumped up, je reviens au travail mais pas grand-chose avait été préparé et elle-même n'était pas du tout au fait de tout ça.
Amélie Alleman: Oui.
Catherine Choque: Et puis après elle a elle a elle a ça a craché. Donc à un moment donné quand elle et elle parle de son burnout, épuisement parce qu'elle n'était plus en mesure, elle pensait revenir peut-être comme avant.
Amélie Alleman: Ouais, mais en fait non, ce n'était pas le cas.
Catherine Choque: Mais en fait non, pas du tout. Et donc elle a voilà, elle a riche de cette expérience, elle a voulu en interne voilà, déployer quelque chose et chez BNP pour tous les cancers, ils accompagnent, ils préviennent, ils accompagnent aussi au niveau individuel de manière globale avec leur service externe, avec le service RH. C'est très soutenu et voilà, ça c'est une super chouette initiative, je trouve.
Amélie Alleman: Clairement, clairement. Tu as des choses à conseiller, toute personne qui voudrait plus d'infos, ben votre site, j'imagine ?
Catherine Choque: Ouais, tout à fait.
Amélie Alleman: Évident.
Catherine Choque: Oui oui.
Amélie Alleman: Des des lectures, des des blogs, des podcasts, des choses autres ?
Catherine Choque: Alors oui, il y a différents, c'est un petit un petit monde de nouveau, un petit réseau que j'ai découverté déjà depuis quelques mois. Ben il y a le travailler cancer de Magali Mertens.
Amélie Alleman: OK.
Catherine Choque: Il y a également Delphine Remy qui qui fait aussi plein de podcasts sur cette thématique en particulier et qui donne qui qui interview aussi plein de de spécialistes. Elle a le nom c'est naître princesse et finir guerrière.
Amélie Alleman: OK.
Catherine Choque: Donc voilà, dans cette thématique là, mais donc elle a tous ces podcasts qui sont très intéressants, elle interroge des psys, des kinés, des oncologues et cetera par rapport aux différents types de traitements. C'est de l'information qui permet de d'apaiser aussi. On est en voilà, il y a différentes initiatives comme ça qui existent mais aussi des partenaires comme Think Pink, la Fondation contre le cancer. Je pense qu'il est primordial de pouvoir aussi se se bouger, de créer des partenariats pour pour financer la recherche.
Amélie Alleman: Clairement. Vraiment.
Catherine Choque: Voilà.
Amélie Alleman: Et sans le vouloir, j'ai mis mon pull rose fluo aussi.
Catherine Choque: Merci. Oui, il est génial.
Amélie Alleman: Catherine, franchement, merci. C'était hyper inspirant. Franchement, bravo pour ta résilience et de pouvoir en parler aussi librement, c'est vraiment un bel exemple. Merci beaucoup en tout cas.
Catherine Choque: Avec plaisir. En tout cas si j'ai pu amener des prises de conscience et prise de conscience et ou inspirer un tout petit peu à tout le moins pour amener un petit peu des pistes d'action sur le lieu de travail que ce soit pour tout collaborateur, qu'importe sa place dans la ligne hiérarchique, ça me paraît voilà, si j'ai fait ce petit pas, c'est c'est un plaisir vraiment.
Amélie Alleman: Merci. On te contacte sur LinkedIn ?
Catherine Choque: Avec plaisir. Oui, tout à fait.
Amélie Alleman: Oui, OK. Ben en tout cas, merci hein.
Catherine Choque: Merci aussi.