Former autrement à l'ère de l'IA

Béatrice de Mahieu
Épisode #29

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Former autrement à l'ère de l'IA

Dans cet épisode de HR Stay tuned, je reçois Béatrice de Mahieu, CEO de BeCode, pour parler formation, diversité de talents et intelligence artificielle.

Béatrice partage son regard sur l’urgence de repenser les parcours de formation dans un monde en perpétuelle mutation technologique. On parle d’IA, de soft skills, de reskilling, et de comment préparer les talents aux métiers de demain.

Une conversation riche et inspirante sur l’apprentissage tout au long de la vie 🎧

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La retranscription du podcast, c'est par ici ...

Amélie Alleman: Bonjour et bienvenue dans notre podcast HR Stay Tuned de Betuned, un podcast HR inspirant, un moment où l'on se pose et on parle innovation HR et tendances du marché. Je m'appelle Amélie Alleman et je suis la fondatrice de Betuned, la nouvelle manière de recruter et de développer votre marque employeur. Et aujourd'hui, je suis en compagnie de Béatrice de Mahieu. Béatrice, bonjour.

Béatrice de Mahieu: Bonjour.

Amélie Alleman: Je suis ravie de t'avoir parmi nous aujourd'hui. Ça fait déjà quelques temps que j'attendais que ça ne se mettait pas, donc je suis vraiment contente. Merci pour ton temps déjà.

Béatrice de Mahieu: Avec plaisir.

Amélie Alleman: Et donc aujourd'hui, on va parler de BeCode, de talent, de diversité, d'IA. Peut-être avant de rentrer dans le vif du sujet, je te propose de te présenter.

Béatrice de Mahieu: Oui, avec plaisir. Donc Béatrice de Mahieu et donc effectivement, je dirige BeCode là pour l'instant. Donc moi, j'ai pris la mission en fin 2022. Et donc BeCode est vraiment un acteur sur l'employabilité, comme on dit. Donc on travaille tant sur les montées en compétences, donc les formations de demandeurs d'emploi et on les accompagne vers un job. Et on travaille aussi de plus en plus d'ailleurs sur les montées en compétences de personnes en entreprise pour être sûr qu'elles restent employables, si on peut dire ça comme ça, ou en tout cas qu'elles puissent monter en compétence dans tous les sujets technologiques et digitaux dont on parle beaucoup aujourd'hui, donc principalement l'IA, tous les métiers data, cybersécurité, voilà. Donc on travaille vraiment sur ces deux sur ces deux populations là.

Amélie Alleman: Je ne savais pas que tu faisais, enfin que vous faisiez également tout ce qui était en entreprise en entreprise formation.

Béatrice de Mahieu: Oui, tout à fait.

Amélie Alleman: C'est ça représente quoi ?

Béatrice de Mahieu: Oh, ça ça ça a fort, enfin là où avant, effectivement, l'activité de BeCode était uniquement sur les demandeurs d'emploi. En fait, il y a eu de plus en plus de demandes aussi au niveau montée en compétence des personnes en entreprise. Et c'est un peu comme on dit hein, c'est le upskilling ou le reskilling as a new hiring. Je crois que les entreprises se rendent de plus en plus compte que ce n'était pas juste une transformation digitale, c'est une évolution perpétuelle digitale. Je vois qu'on on a compris ça quand même maintenant. Et que ce n'est pas que juste parce que tu as enfin acquis une certaine compétence qu'après ça, tu la maîtrises, tu la connais, tu n'as plus rien à faire. On est vraiment aussi en plus, et là je ne t'apprends rien clairement, c'est dans le lifelong learning. En fait, on va devoir apprendre tous les jours, vu que tout évolue très vite et pas que dans des compétences hard skills, mais on y reviendra après aussi, mais principalement aussi sur énormément de compétences soft skills qui qui demandent en fait un développement continuel, continu.

Amélie Alleman: Super. C'est c'était un sujet qu'on a abordé il y a pas longtemps avec Sandra Van Dorpe. Le podcast n'est pas encore sorti mais sur tout ce qui est upskilling chez chez Ekwans. Peut-être pour ceux qui ne connaîtraient pas encore BeCode, s'il y en a, tu veux rapidement un peu remettre le contexte ?

Béatrice de Mahieu: Oui, alors BeCode a été créé en 2017 et donc c'était principalement donc avec un but de pouvoir former des personnes plus vulnérables sur le marché de l'emploi. Et donc de dire en fait, il y a beaucoup plus de talents motivés qui a envie d'apprendre justement ces compétences tech et digitales dans la population. Et en fait, il y a énormément de jobs ouverts chez les entreprises qui peuvent être remplis par des profils plus atypiques, plus sur la diversité, qui répondent peut-être moins à toutes les cases diplômes, mais qui sont hautement motivés et qui peuvent aussi apprendre ces compétences et être mis à l'emploi dans ces entreprises. Et c'était donc on est présent nous aussi en quatre villes, sur quatre villes aujourd'hui. Donc on est à Bruxelles, à Gand, à Liège et à Charleroi.

Amélie Alleman: OK. Moi j'étais restée sur Bruxelles, tu vois.

Béatrice de Mahieu: Non non, on a une présence nationale. Nos partenaires sont tant Bruxelles Formation Actiris sur Bruxelles que le Forem en Wallonie et que la VDAB en Flandre. Donc nous sommes reconnus par tous ces organisations. Et au total maintenant, nous avons formé près de 4200 personnes depuis 2017. Bravo. Formés et donc aussi accompagnés en fait le plus possible vers un emploi ou une formation de suivi en fait pour compléter les compétences. Et donc justement, comme je vous le disais, depuis 2000 maintenant 2023, début 2023, il y avait de plus en plus de demandes justement de dire mais vous avez une méthodologie qui fonctionne, vous avez des curriculums, vous avez les compétences pour former des personnes plus atypiques par rapport à justement les métiers tech et digital. Il y a énormément de cette population aussi dans des entreprises qui se retrouvent à un moment donné pas tout à fait onboardées dans tous ces processus de de digitalisation qui s'installent. Est-ce que vous pouvez accompagner aussi justement des entreprises avec cette demande-là ? Et donc on a développé cela aussi de plus en plus donc dans tout ce qui est up ou reskilling vraiment complètement changer le le le profil métier ou ou carrière de quelqu'un.

Amélie Alleman: Tu as vu une accélération forte avec l'IA ?

Béatrice de Mahieu: Ah oui, à fond. Oui oui. Oui, tout à fait.

Amélie Alleman: Ça a changé la donne ?

Béatrice de Mahieu: Ça a complètement changé la donne. Je crois que tout le monde se retrouve un peu dépourvu. On est aussi un peu en train de se dire mais ça va très vite, quelles voilà, quelles sont les compétences à avoir. Je crois que réfléchir purement en métier aujourd'hui, ça devient de plus en plus difficile. Je crois que les métiers vont beaucoup plus se mélanger. Je crois qu'on va devoir beaucoup plus réfléchir en compétence ou en en fonctionnement aussi d'un rôle, qu'est-ce qu'il faut savoir faire qui souvent et j'avais vu encore un graphe il y a quelques jours du World Economic Forum justement qui dit mais quelles vont être vraiment les compétences à avoir sur 2030. Et donc clairement, par exemple quand on voit tout ce qui est la programmation, purement coder ou programmer va devenir quelque chose qui pourrait tout à fait être d'une façon assez générique demandée à des outils d'IA. Mais par contre, le human in the loop, comme on dit, donc vraiment garder l'humain qui va réfléchir à toute la séquence ou justement à la logique de tout le process qui sera demandé, ça, ça va être, ça, ça va rester quelque chose. Aujourd'hui en tout cas, c'est ce qu'on prédit qui est beaucoup une compétence humaine, mais ça veut dire qu'il faut être sûr que tout cet apprentissage de système, de fonctionnalité, de processus business, de process doit être quelque chose qui doit être formé chez les gens. Et donc je crois que c'est ça un peu l'évolution aussi dans les entreprises, c'est de dire mais en fait, on doit beaucoup plus travailler sur toutes ces compétences là, de toute cette logique là en fait, de réfléchir à un process pour pouvoir entre guillemets donner des ordres à des outils d'IA générative, à la création d'IA de d'agent IA aussi et qui eux pourront développer en fait pas pas la séquence, mais chaque fois la petite verticale dans un processus logique développé par l'humain.

Amélie Alleman: OK. Tu veux nous expliquer un peu plus ?

Béatrice de Mahieu: Bon, c'est peut-être pas le sujet, mais donc je crois que enfin et de plus en plus d'entreprises se disent mais en fait le pouvoir que ces agents d'IA ont, ça ne sert à rien de se dire bah non, on ne va pas l'utiliser, on va continuer à en faire une tâche humaine. Donc ça effectivement, tout ce qui est les agents IA, ce sont des tâches qui pourront être faites par ces agents. Mais par contre, c'est comme, c'était marrant parce que c'était la logique aussi de dire c'est comme une machine à pain. Aujourd'hui, enfin je ne sais pas si tu as une machine à pain. Moi j'ai une machine à pain. Je ne sais pas du tout comment on fait du pain. Tout ce que je sais, c'est que je mets de la farine dedans, je mets de l'eau et le matin d'après, j'ai un pain qui est tout fait. Alors en fait, toute la machinerie de la machine à pain, on pourrait dire que c'est un agent IA, mais par contre, la logique humaine va être de devoir mettre le bon dosage de farine, va pouvoir programmer bien la machine pour dire si je veux du pain à midi. Et après le pain, qu'est-ce que je vais faire ? Je vais le sortir et je vais faire le petit déjeuner. Tu ne vas pas demander à la machine à pain de servir ton pain jusqu'à la table et toute la séquence qui va se faire. Et donc c'est ça qui est intéressant, c'est de dire l'IA va va accélérer énormément de travail qui était peut-être manuel avant, mais ce human in the loop va rester nécessaire pour avoir toute la logique. Voilà, tout ce qui est la logique en fait d'abord ça et puis ça et puis ça et puis ça. Et je crois que c'est un peu comme un dirigeant d'entreprise aussi hein, qui dit attends, avant de ou un gestionnaire de projet de dire bien avant d'arriver à telle finalité, quel va être le rétroplanning, quelles vont être les étapes, quelles vont être et donc tout ça, c'est quelque chose qui doit aussi s'apprendre dans et donc tout ce qui est business analyst, functional analyst, c'est vraiment des choses des métiers, si on pourrait dire des métiers ou des compétences qui qui qui vont devenir de nouveau très très importants.

Amélie Alleman: Et et comment vous faites parce que justement ça bouge tellement vite pour pouvoir justement offrir ces formations ?

Béatrice de Mahieu: On essaie de vraiment s'adapter le plus régulièrement possible. Donc on a dans l'équipe aussi une personne qui est responsable pédagogie et donc tech et pédagogie, donc qui revoit régulièrement aussi tous ces tous les les programmes, les curriculums. On collabore aussi beaucoup avec toutes nos entreprises partenaires qui…

Amélie Alleman: D’accord. Pour voir les besoins ?

Béatrice de Mahieu: Pour voir les besoins, exactement, pour du coup adapter les formations, revoir des curriculums, par exemple sur tout ce qui est cybersécurité, je crois que chaque jour il y a peut-être quelque chose de nouveau qui arrive et qu'on doit pouvoir savoir ou pas si c'est tout de suite urgent ou pas à rajouter dans les curriculums. Donc c'est clair que nous, on est très très fort en lien avec les entreprises pour pouvoir adapter en tout cas par rapport aux besoins le plus rapidement possible. BeCode est vraiment une solution, que ce soit tant dans le recrutement que dans l'upskilling, sur du talent court terme. On ne va pas remplacer les universités ou les écoles supérieures, mais sur vraiment tout ce qui est employabilité court terme, on veut vraiment pouvoir apporter le plus possible vers le marché, voilà.

Amélie Alleman: OK. Et donc du coup, ça demande une agilité encore beaucoup plus forte, quoi.

Béatrice de Mahieu: Une ?

Amélie Alleman: Une agilité dans dans cette offre de. OK. Et au niveau donc c'est des formations actuelles, c'est beaucoup cybersécurité, ChatGPT et compagnie ?

Béatrice de Mahieu: Exactement. Donc tout ce qui est data, IA, cybersécurité, moins de software dev, ça c'est clair. Enfin, software dev, ça dépend lesquels, ça peut vraiment être très en niche, moins de web dev général, ça oui.

Amélie Alleman: Du no-code ou ?

Béatrice de Mahieu: Oui, du no-code aussi. Oui oui oui oui, ça on a aussi une formation qui on a on fait aussi en module de 6 semaines et puis qu'on a aussi en module en ligne, donc qui peut tout à fait être suivi en ligne aussi. Donc tout ce qui est no-code, low-code est aussi quelque chose qui est de plus en plus demandé en tout cas aujourd'hui. Oui.

Amélie Alleman: En lien. Quand on parle de diversité de talent, ça ça représente quoi pour toi ?

Béatrice de Mahieu: Alors, c'est une grosse question hein.

Amélie Alleman: Je ne réponds pas de la même façon.

Béatrice de Mahieu: Ce n'est pas le genre, ce n'est pas la couleur de peau, ce n'est pas l'origine. Ça, j'espère, même si on pourrait se poser des questions, mais j'ose espérer qu'on n'est plus coincé sur ces critères-là. Mais c'est la diversité de talent sur un universitaire, un ingénieur, une personne autodidacte, une personne qui vient d'un d'une toute autre perspective. En fait, c'est donc les différentes façons de, par son expérience de vie, par sa formation, par sa personnalité, par ses soft skills qu'elle a, c'est les différentes façons de regarder un problème ou de vouloir résoudre un problème ensemble.

Amélie Alleman: OK.

Béatrice de Mahieu: Et donc moi je crois enfin très très fort dans justement la force de ces différents points de vue sur un problème pour apporter en fait chaque fois une une une petite équation d'une solution globale. Et c'est souvent aussi comme on dit comme ça que pour ce qui crée de l'innovation, ce qui crée aussi des solutions innovantes, c'est souvent les les les la complémentarité des profils qui travaillent ou qui regardent un problème. Parce que un ingénieur va voir une partie d'un problème, un autodidacte va le voir de tout à fait une autre façon, un bicodien va le voir encore d'une autre façon. Quelqu'un qui a eu un parcours de vie peut-être très challenging et qui a dû avoir énormément de résilience va encore voir un autre axe. Alors que si, et c'est peut-être un peu théorique comme ça, mais si on met cinq ingénieurs qui ont fait la même formation, qui ont le même âge, qui ont fait les mêmes études dans la même école et dans le même truc, vont regarder le problème souvent plus d'une même façon que si on apporte justement ces différentes perspectives enrichissantes en fait pour pouvoir voir et proposer des solutions à des problèmes.

Amélie Alleman: C'est flagrant. C'est c'est fou. C'est ça aussi qui est problématique dans beaucoup de boîtes.

Béatrice de Mahieu: Et c'est ça qui est problématique dans beaucoup de boîtes, mais on ne peut pas leur en vouloir parce que en fait déjà depuis l'enseignement, tout est très fort codé et et c'est un c'est une problématique humaine tout à fait compréhensible parce que on parle beaucoup du unconscious bias hein, tout ce qui est différent de nous, ça nous fait peur. C'est pas grave, c'est comme ça, on le sait, mais au moins quand on en est conscient, on peut travailler dessus. Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui dans l'enseignement ? C'est que tout est très fort mis dans des cases. Tu as l'enseignement déjà ça commence, tu as les latin-grec, tu as les latin-maths, tu as ceci, puis tu as les des écoles, je vais être très cru mais dans les bons quartiers, dans les moins bons quartiers, enfin moins bon, on dit souvent, je préférais pas habiter là. Donc en fait, tout est déjà mis dans des cases depuis l'enseignement. Depuis les maternelles, depuis puis à l'enseignement général, à l'enseignement professionnel, technique. Donc tout est dans des petites cases. Et puis on arrive en environnement d'entreprise et là la première chose que les ressources humaines vont dire ou le management vont dire, c'est la diversité, c'est magnifique, l'ESG, il faut… Et moi je comprends que les jeunes parfois ils arrivent en train de dire attendez, on nous a mis dans des petites cases là de nos 3 ans à nos 18 ans et maintenant on va prôner le fait que que la diversité c'est super et c'est ça qui est important, qu'il y a des des quotas, des enfin donc à un moment donné, il faudrait peut-être mélanger un peu plus avant les métiers intellectuels manuels parce que on enfin parfois on forme aussi un petit peu des handicapés de la vie de tous les jours hein, à force de développer que l'intellectuel, et bien le manuel en pâtit et vice et enfin voilà, je crois qu'aujourd'hui, il est plus difficile peut-être de de trouver quelqu'un qui va faire ton toit que quelqu'un qui va programmer une ligne de code. Donc voilà, je voudrais juste moi aussi remettre en perspective cette diversité de talent là. Et c'est surtout sur ces points de vue, une une une équipe va pouvoir vraiment bénéficier de cette diversité de points de vue justement des personnes quand on va dans une diversité de talents dans aussi les compétences qu'ils peuvent avoir.

Amélie Alleman: Est-ce que tu tu vois encore des freins importants au niveau par exemple d'un RH qui va se dire "oui mais c'est rassurant d'avoir tel diplôme et cetera" par rapport à quelqu'un qui aura fait une formation plus court terme comme tu disais ? Tu vois qu'il y a il y a des freins importants ?

Béatrice de Mahieu: Il y en a encore et c'est rassurant parce que ils savent que pour l'équipe ça va être rassurant. Souvent une équipe, enfin c'est peut-être un cliché aussi mais une équipe d'IT souvent peut-être masculine avec beaucoup d'ingénieurs, si maintenant on leur dit demain on va vous mettre une une femme qui a tout à fait appris sur le tas et qui en plus a peut-être une origine ou bah c'est clair que et est-ce que les RH veut toujours se dire allez, je vais hein, je vais mettre à l'avant des barricades et je vais chambouler quelque chose qui jusqu'à présent fonctionne. Donc oui, mais voilà, moi je je je continue à croire qu'il y a une richesse là-dedans et je continuerai à apporter ce message qu'on veut l'entendre ou pas.

Amélie Alleman: Heureusement. Tu tu vois, c'est plus simple dans les grosses boîtes ?

Béatrice de Mahieu: Euh. Sous-entendu, il y a plus de besoins et peut-être plus de flexibilité ou pas ?

Amélie Alleman: Sous-entendu, il y a plus de besoins et peut-être plus de flexibilité ou pas ?

Béatrice de Mahieu: Oui, je crois que c'est parfois plus plus facile dans les grandes boîtes aussi parce que il y a aussi des volontés de s'inscrire vraiment dans une politique ESG qui est qui qui qui est cadrée avec des objectifs, avec les moyens aussi à la faire, parfois ça demande des moyens. Donc oui, je crois que ça peut être plus facile dans les grandes boîtes. Je crois que des plus petites boîtes qui ont qui viennent par exemple aussi de lever des fonds qui doivent aller très très vite dans des dans une une croissance demandée souvent par les nouveaux fonds qui sont qui sont levés dans l'organisation, vont parfois peut-être préférer payer quelqu'un de de de plus senior mais aussi de plus cher et peut-être pouvoir aller plus vite. C'est clair que ces processus aussi demandent du temps, demandent aussi de de de du temps pour pouvoir travailler sur cette tout ce qui est inclusion hein. On parle souvent de diversité, mais une diversité n'est rien si on ne travaille pas aussi bien sur l'inclusion des profils et ça va des deux côtés. C'est c'est pas toujours facile pour ces candidats qui viennent de d'un autre parcours d'apprentissage et c'est pas toujours facile non plus pour les les personnes en entreprise qui disent mais comment est-ce qu'on va savoir bien collaborer ensemble ? Donc ça s'accompagne. Et justement, les moyens d'accompagnement sont peut-être plus évidents parfois dans les grandes boîtes que dans les petites.

Amélie Alleman: Et tu as des conseils toi pour mieux identifier ou mieux développer, cultiver cette diversité en entreprise ?

Béatrice de Mahieu: Commencer le plus tôt possible. Par exemple, nous aussi quand on commence des formations, on invite vraiment les entreprises à nous rejoindre le plus tôt possible dans le processus de formation, même à nous aider dans le processus de recrutement des personnes qui qui vont rejoindre un bootcamp de formation.

Amélie Alleman: OK, d'accord.

Béatrice de Mahieu: Enfin c'est comme c'est comme dans un mariage quoi, si tu dois te marier le premier jour que tu vois quelqu'un, bah ça va mettre plus de temps avant de t'entendre bien, alors que si on a déjà pu se rencontrer, vivre ensemble, avoir plusieurs dates, et ben il y a des chances que ça se passe mieux. Et donc on est quand même toujours nous assez assez sensible au fait de dire aux entreprises, si c'est pour venir recruter nos apprenants le dernier jour de leur formation et vous pensez que tout de suite le premier jour de leur stage tout ira bien, bah venez plusieurs fois déjà dans les bootcamps, venez les rencontrer, venez faire des discussions, venez à notre matchmaking. Nous organisons aussi des journées découvertes en entreprise. Donc c'est vraiment dans les deux sens, eux ils viennent sur notre campus, nous on va aussi faire des visites en entreprise. Oui, donc il y a quand même un accompagnement. Oui, donc il y a pendant 7 mois le temps des formations, on a vraiment tout ce qui est dans les deux sens pour pouvoir justement se dire que bah le jour où où Axel, Karima et Jennifer vont pouvoir commencer dans une entreprise, en fait, elles sauront qui est le responsable RH, qui est leur manager, qui est peut-être des membres des équipes, à quoi va ressembler. Donc en fait, tout ça, on stimule vraiment nous pendant tout le temps de la formation aussi.

Amélie Alleman: OK, génial. Tu tu parlais aussi de tout ce qui était upskills au niveau des soft skills.

Béatrice de Mahieu: Oui.

Amélie Alleman: Tu tu veux tu veux dire ?

Béatrice de Mahieu: Ah mais ça, alors je crois que on en a enfin beaucoup de personnes en parlent. Est-ce qu'on sait exactement lesquels ce seront ? Ça reste encore un peu la découverte. Je crois que malheureusement, on a dans l'enseignement ou en tout cas dans les parcours d'apprentissage, on a énormément misé justement sur les hard skills. Que que on a un peu négligé justement toutes ces compétences humaines ou ou même parfois plus philosophiques hein. Et pour citer Luc de Babander aussi qui dit de plus en plus, on va avoir besoin de cet esprit créatif, logique et critique et c'est aussi un peu en lien avec ce que j'avais dit sur les cette cette réflexion aussi de process de de séquence, ça va devenir de plus en plus important. Et je crois que le seul problème, c'est qu'on ces dernières années, on est un peu secoué parce qu'on avait tellement et que ça ça commence de nouveau de l'enseignement hein, travailler sur ces compétences techniques très très fort sur le technique et donc les compétences humaines, c'était devenu un peu les soft skills, on va on fait confiance aux parents pour amener tout ce qui est cela ou enfin voilà, donc on on on on on ne travaille pas énormément là-dessus dans l'enseignement ni ni après dans tout ce qui est formation. Et donc je crois que justement, c'est ce sera quelque chose qui sera de plus en plus important à développer, mais ça a été négligé. Et je crois que peut-être l'avantage massif aussi de tout ce qui est maintenant les les chamboulements du IA, ça va nous forcer aussi à redevenir humain ou en tout cas à remettre certaines compétences humaines que je crois que nos grands-parents, nos arrière-grands-parents avaient peut-être plus de nouveau au centre d'une réflexion et et et c'était marrant parce que je je relisais un article, ça n'a rien à voir avec la tech, mais qui parlait des pays justement avec un indice de bonheur assez élevé et qui faisait un lien sur les repas pris en famille le soir. Et donc c'était marrant, c'était justement le fait de pouvoir retrouver des cercles familiaux où on peut échanger, où on peut faire un débat, où on peut écouter et en fait que tout ça était aussi quelque chose qui stimule cette ces compétences humaines en fait et et que aujourd'hui de plus en plus et aussi pour citer Laurent Hublet ce weekend dans l'écho qui parlait de l'article, on n'a jamais, les jeunes n'ont jamais été aussi connectés sur les réseaux sociaux et pourtant se sont jamais sentis aussi seuls. Et donc je crois, enfin je l'espère, j'ai pas de boule de de cristal bien sûr et mais j'espère que peut-être ce chamboulement de l'IA va pouvoir aussi nous forcer à faire faire des choses par la machine comme justement des des des agents qui peuvent faire des tâches parfois très techniques mais beaucoup plus rapidement que nous. Mais on doit voir comment stimuler du coup ces tâches de ce human in the loop qui sont énormément des compétences humaines, de logique, de critique, de créativité, de séquence, de de de de de de de reason for stance comme on dit, enfin vraiment aussi voir tout ce qui est de d'empathie, de enfin donc tout ça, mais je on devra remettre ça au centre d'une discussion d'apprentissage aussi parce que elle a été négligée. Toutes ces compétences là ont fort été négligées.

Amélie Alleman: C'est pour toi tout ce qui est talent acquisition versus talent cultivation, enfin tu tu trouves qu'on investit assez dans le talent une fois qu'il est recruté ou qu'on s'arrête ?

Béatrice de Mahieu: Non, et je crois que justement, on investissait, on a peut-être beaucoup investi dans le talent quand il est recruté de nouveau sur des compétences hard skills et que les compétences plus soft étaient un peu en mode optionnel si vous avez le temps ou que les managers disaient bon, tu vas tu vas clairement faire ce, je dis n'importe quoi mais cette formation Excel parce que c'est très technique mais mais à côté de ça, s'il y avait autre chose sur justement gestion du stress ou bien la ou autre chose qui est plutôt collaboration ou gestion du conflit ou ou ou apprendre à peu importe ou un développement créatif ou peu importe, était souvent oui enfin bon, tu feras ça si tu auras le temps mais on voyait ça comme quelque chose qui pouvait freiner le temps de travail ou la productivité et donc voilà.

Amélie Alleman: Mettre un peu de côté.

Béatrice de Mahieu: Et donc là, je trouve alors et c'est on se pose la question aussi chez BeCode hein, comment justement mettre beaucoup plus de cela dans les formations au lieu de et BeCode c'est pas juste apprendre à faire du code, le nom a évolué.

Amélie Alleman: Ouais, c'est clair.

Béatrice de Mahieu: Mais mais voilà, on ne va pas changer de nom parce que parce que parce que voilà, on aime bien le nom et on a une bonne confiance quand même d'énormément de partenaires. Mais c'est toutes des réflexions comme ça, je crois qui ont vraiment qui devraient retourner au centre des discussions que ce soit pour l'enseignement et pour la formation professionnelle.

Amélie Alleman: Oui, c'est passionnant, il y a beaucoup beaucoup de choses. J'imagine que vos bords doivent l'être. J'allais te poser la question sur est-ce qu'on doit se diriger vers un monde de compétences mais tu tu l'as abordé dès le début. Penser plus compétences que que métier. Tu par rapport à ça ou peut-être est-ce que tu as des bonnes pratiques ou des conseils vraiment à donner parce que vous avez quand même accompagné beaucoup beaucoup de d'organisations ces dernières années.

Béatrice de Mahieu: Oui, il y a des choses qui ne changent pas, c'est c'est tout ce qui est résilience très très fort, ça ce sera aussi et c'est une compétence aussi la résilience se travaille. Ce n'est pas quelque chose qui tu es né plus résilient ou pas. C'est comme on dit aussi hein, est-ce que les jeunes aujourd'hui en tant que parent, est-ce que tu vas toujours tout faire pour ton enfant, j'ai pas il a oublié son sac, est-ce que tu vas te déplacer dans n'importe quelle direction pour absolument amener son sac de gym ou tu vas dire désolé, tu l'as oublié, tu vas avoir un point mais la prochaine fois tu ne vas pas l'oublier. Et donc c'est justement aussi comment de un, je crois peut-être les parents peuvent être sûrs de peut-être pas toujours surcouver les enfants de tout danger ou de toute critique ou de tout mauvais point possible. Donc je crois que la résilience c'est aussi quelque chose qui se travaille et alors le la volonté, vouloir y arriver. Moi quand je vois aussi parfois des candidats chez BeCode, ben ça ça restera comme partout hein, si tu veux vraiment faire quelque chose, tu veux tu y vas à 300 %, à 3000 % ou peu importe. Mais ce n'est pas en restant assis que que tout va arriver vers toi. Et donc ça c'est aussi quelque chose qu'on stimule, c'est si tu le veux, il faut se donner à fond. Parce qu'il y a tellement de gens qui veulent aussi un peu la même chose que toi, tu n'es pas moindre mais tu devras toujours montrer que si tu veux, tu dois le faire. Et voilà, je me souviendrai toujours le cas d'un apprenant qui m'avait envoyé plusieurs fois des WhatsApp, qui m'avait appelé et j'avais décroché et il me dit "Désolé de vous déranger mais je rêve de travailler dans telle boîte, j'ai fait ma formation. Comment est-ce que je peux être sûr de pouvoir avoir un job ?" Et il a eu son job. Mais en même temps, je l'ai félicité de m'avoir contacté parce que c'était c'est voilà, il s'est dit "Ben je vais y aller au culot, je vais essayer de l'appeler, je vais dire Béatrice, Madame de Mahieu, je rêverais de…" Et puis j'ai trouvé ça assez…

Amélie Alleman: Touchant ?

Béatrice de Mahieu: Ben oui, et puis moi je me souviens aussi un jour j'ai eu un job et parce que j'avais rappelé le lundi en disant "Mais vous ne m'avez pas contacté vendredi." Et la la enfin la dame qui recrutait m'a dit "Ah c'est marrant parce qu'on hésitait entre deux candidats et comme vous montrez que que vraiment vous voulez le job et c'est vous qui appelez, eh ben vous l'avez." Et donc chaque fois je me suis dit "Mais si on veut quelque chose, il faut y aller." Ne restez pas assis en attendant qu'on vienne chez vous.

Amélie Alleman: 1000 %. Ouais. C'est quoi ton si tu devais vraiment rêver un système d'acquisition, de développement de talent, il ressemblerait à quoi ?

Béatrice de Mahieu: Bah oui, enfin moi je crois très fort justement dans tout ce qui est talent cultivation hein, c'est de vraiment et du partage d'expérience. Je crois qu'on peut beaucoup apprendre aussi sur des partages d'expérience et sur la mixité vraiment si on si on pouvait mélanger tout le public un peu plus on s'en porterait mieux. Mais évidemment, ça fait peur, c'est enfin tout est clivé aujourd'hui que ce soit le politique, les entreprises, tu es une ASBL, tu es pas une ASBL, tu es public, tu es privé, enfin tout est et voilà, je crois que si on pouvait un peu plus travailler sur de la confiance et et la mixité et que tout est bien à prendre. Voilà, tout est enfin rien n'est blanc noir en fait, c'est c'est c'est c'est on devrait beaucoup plus un peu mélanger tout ça et collaborer ensemble et on s'emporterait peut-être mieux. J'espère.

Amélie Alleman: Ouais, je pense. Tu tu as des des livres, des podcasts, des blogs, des des choses à conseiller pour toute personne qui…

Béatrice de Mahieu: Euh oui, certainement. Enfin moi je j'essaie de enfin je crois que j'ai une dizaine de livres sur ma table de nuit mais qui sont lus à un quart. Et donc je vais un peu voilà, je…

Amélie Alleman: Tu lis 30 livres en parallèle là ?

Béatrice de Mahieu: J'en lis beaucoup en parallèle donc je manque de. Euh moi je me souviens de la puissance d'un livre que j'avais lu aussi sur le je ne me souviens plus du titre mais c'est de 100 year work life. En fait, on on il y a rien à faire, on vit beaucoup plus longtemps qu'avant, on va devoir travailler plus longtemps qu'avant. Et donc qu'est-ce qu'on veut faire dans ces années supplémentaires justement, comment est-ce qu'on peut rester aussi dans un esprit très curieux de pouvoir et ça ça va de pair avec ce lifelong learning. Je crois que le lifelong learning c'est de nouveau aussi une une mentalité qu'on peut cultiver. C'est jamais comme si quelque chose était "Ah j'ai assez appris et maintenant c'est bon, je vais pouvoir travailler jusqu'à la fin de ma vie." Euh et ça ça fait partie de la curiosité, de nouveau la curiosité ça s'apprend. Je crois que ce livre était très très…

Amélie Alleman: Mais si tu as les références, n'hésite pas à envoyer comme ça on peut.

Béatrice de Mahieu: Oui, je vous les enverrai. Puis il y avait un autre aussi sur The Power of Ends. Et quand c'est Ends c'est AND, de dire en fait dans la vie, on on stresse souvent sur des choix. Est-ce que c'est là ou l'autre ? Est-ce que je vais faire ça ou ça ? Et qu'en fait à un moment donné, ce livre était assez puissant parce qu'il disait "Mais en fait, on on se paralyse souvent en pensant que les choix sont irrévocables, qu'on doit prendre des choix, qu'on doit tout."

Amélie Alleman: C'est comme choisir c'est renoncer là.

Béatrice de Mahieu: Exactement. Et donc ça crée énormément d'énergie négative alors qu'il y a de plus en plus de choses dans la vie, on peut dire "Ben je peux faire ça et ça." Et donc tu peux adapter en fait, tu vois, et ça c'est typique pour les femmes en plus, je peux être mère et je peux travailler. Je peux être mère, travailler et être entrepreneur. Et donc et c'était très puissant parce que quand j'ai j'avais lu ce bouquin, je me souviens que je je me suis énormément déculpabilisée de beaucoup de choses en disant "Mais en fait voilà, je peux faire ça et ça et c'est pas grave."

Amélie Alleman: Mais écoute, je donnerai une petite liste de ce que je…

Amélie Alleman: Moi je suis curieuse, ça m'a ça ça m'inspire. Béatrice, merci.

Béatrice de Mahieu: Merci.

Amélie Alleman: Merci pour ton temps et si on te contacte, c'est plutôt quoi ? LinkedIn, mail ? Ouais.

Béatrice de Mahieu: LinkedIn, mail, tout peut être donné.

Amélie Alleman: OK, on vous mettra tes coordonnées donc dans le la retranscription du podcast. Merci beaucoup Béatrice et bah à très bientôt.

Béatrice de Mahieu: Merci.