Manager une équipe 100% Gen-Z : rêve ou casse-tête RH ?

Frédéric Van Damme
Épisode #36

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Manager une équipe 100% Gen-Z : rêve ou casse-tête RH ?

Dans ce 36ème épisode de HR Stay tuned, on plonge dans le management intergénérationnel !

J’ai eu le plaisir d’échanger avec Frédéric Van Damme, Managing Partner de l’agence Socialsky. Ensemble, on a parlé recrutement, rétention et engagement d’équipes composées à 100 % de Gen-Z.

Frédéric partage son retour d’expérience, ses défis de leadership, et ses convictions pour instaurer une culture forte, claire et humaine.

À écouter pour mieux comprendre cette génération et adapter vos pratiques RH ! 🎧

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La retranscription du podcast, c'est par ici ...

[00:00:03] Amélie Alleman: Bonjour et bienvenue dans notre podcast HR Stay tuned de Beetuned, un podcast RH inspirant, un moment où l'on se pose et on parle innovation RH et tendances du marché. Je m'appelle Amélie Alleman et je suis la fondatrice de Beetuned, la nouvelle manière de recruter et de développer votre marque employeur. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Frédéric Van Damme de Social Sky. Frédéric, bonjour.

[00:00:22] Frédéric Van Damme: Bonjour.

[00:00:24] Amélie Alleman: On va parler en fait de nouveaux médias, de Gen Z, de recrutement, de rétention, donc tout un programme ensemble. Donc déjà merci pour ton temps, Frédéric.

[00:00:34] Frédéric Van Damme: Avec plaisir.

[00:00:36] Amélie Alleman: Avant de rentrer dans le vif du sujet, parce que c'est la première fois qu'on se rencontre aujourd'hui, donc déjà merci d'accepter comme ça à froid de venir passer une heure avec moi. Est-ce que tu peux te présenter ?

[00:00:47] Frédéric Van Damme: Alors, je suis Frédéric Van Damme. J'ai 42 ans, je suis le papa de trois enfants et marié. Et je suis le codirigeant de Social Sky, une agence digitale spécialisée dans la gestion des réseaux sociaux pour les marques. Donc concrètement, on accompagne les marques dans leur prise de parole sur les réseaux sociaux avec tout l'enjeu de création de contenu qu'on opère pour les marques.

[00:01:17] Amélie Alleman: Basée ici à Bruxelles ?

[00:01:17] Frédéric Van Damme: C'est une agence qui a 8 ans, qui est basée à Bruxelles, qui a démarré à Bruxelles. On a un bureau avec une vingtaine de personnes et on a ouvert il y a un an un bureau à Anvers où on a cinq personnes maintenant qui travaillent.

[00:01:30] Amélie Alleman: Ah ben, félicitations.

[00:01:31] Frédéric Van Damme: Merci beaucoup.

[00:01:32] Amélie Alleman: C'est la première aventure entrepreneuriale ou tu as déjà touché à l'entrepreneuriat avant ?

[00:01:37] Frédéric Van Damme: Moi, c'est ma première aventure entrepreneuriale. J'ai commencé sur le tard, puisque j'ai bossé pendant 15 ans chez L'Oréal en marketing, en Belgique et en France, où j'ai eu le plaisir de découvrir une culture d'entreprise assez forte qui m'a fortement inspiré dans ce parcours entrepreneurial. Et surtout, j'ai appris les rudiments du marketing et du brand building, je vais dire moderne, chez L'Oréal.

[00:02:04] Amélie Alleman: OK. Et puis ?

[00:02:07] Frédéric Van Damme: Et puis je me suis dit que c'était un beau chapitre. Après 15 ans, j'ai décidé de quitter et de me lancer parce que ça me titillait depuis longtemps. J'ai rencontré Valentin avec qui je me suis associé pour faire grandir son agence. Donc Social Sky existait déjà avant que je rentre dans l'aventure et on a eu vraiment ce projet d'une aventure de croissance. Donc là, maintenant, ça fait 3 ans que je codirige avec Valentin, et on a triplé l'équipe et triplé le chiffre d'affaires. En fait, ça va avec.

[00:02:44] Amélie Alleman: Ah ben, nickel. C'est vrai que 15 ans, c'était déjà normalement, on se dit bon, ça devient tard ou on reste dans les gros groupes ou vraiment on fait le bond, quoi.

[00:02:54] Frédéric Van Damme: Oui, mais là, je me suis dit que si je me regarde dans la glace à 65 ans, je vais regretter de ne pas avoir au moins essayé. Et donc j'ai eu une opportunité, je l'ai saisie et pour l'instant, je suis très content.

[00:03:07] Amélie Alleman: Ça demande quand même pas mal de courage, hein, surtout si tu as des enfants, une femme, etc. Tu te dis que c'est un avenir assez tracé, j'imagine, à L'Oréal.

[00:03:14] Frédéric Van Damme: Oui, tout à fait. Mais bon, après, c'est vrai que du coup, je suis peut-être un peu plus nerveux le soir de temps en temps, donc je m'en excuse auprès d'eux. Mais c'est vrai que j'ai eu beaucoup de soutien aussi de mon épouse et qui a compris que c'était quelque chose pour m'accomplir. Et donc voilà, j'ai franchi le pas et j'ai osé.

[00:03:34] Amélie Alleman: Et, des regrets ou pas ?

[00:03:35] Frédéric Van Damme: Aucun regret. Pour l'instant, pas.

[00:03:39] Amélie Alleman: OK, génial. Social Sky, donc c'est production de contenu si j'ai bien compris, quand même principalement TikTok ?

[00:03:47] Frédéric Van Damme: Alors, on accompagne les marques sur tous les réseaux sociaux. On fait énormément de Facebook, Instagram et de plus en plus de TikTok. Ça fait 2 ans vraiment qu'on a pris la vague, on va dire, TikTok. On accompagne environ 25 marques différentes sur TikTok, en Belgique et certaines en France aussi. On n'est pas exclusif TikTok, on accompagne aussi sur les autres plateformes. Là où c'est intéressant et TikTok a vraiment changé la manière de fonctionner, c'est qu'on est passé à du divertissement plus qu'à de la mise en contact. Avant, on allait sur Facebook pour se connecter avec ses amis, voir ce qu'ils faisaient. Et maintenant, TikTok est devenu une plateforme de divertissement au même titre que Netflix. On va passer du temps à consommer des vidéos plutôt de courte durée. Et donc il faut capter l'attention, l'attention se mérite et on doit créer du contenu qui capte l'attention pour les marques.

[00:04:48] Amélie Alleman: Toi, ton média de prédilection, c'est lequel ?

[00:04:50] Frédéric Van Damme: Moi, je suis très LinkedIn. Je suis plus Millennial, donc à 42 ans, on est plutôt sur LinkedIn. Mais maintenant, je consomme beaucoup Instagram et TikTok depuis 2 ans. Il faut se mettre des barrières de temps en temps, mais en fait, c'est une manière de se divertir, au même titre que regarder la télé il y a 20 ans.

[00:05:18] Amélie Alleman: C'est vrai que moi, avec TikTok, j'ai un souci. Je pense que je ne suis pas encore les bons comptes. J'y vais vraiment une fois toutes les trois semaines ou tous les deux mois. Et quand j'y vais, c'est vraiment du contenu bas niveau, mais en même temps captivant. Et je me dis : "Waouh, je viens de perdre une heure à regarder ça."

[00:05:43] Frédéric Van Damme: C'est vrai qu'il faut un peu dompter l'algorithme sur TikTok. Il y a un peu de tout en termes de contenu. Il y a du contenu pédagogique, éducatif, mais il faut aller le trouver, il faut suivre les comptes intéressants. Et puis il y a du contenu divertissant où, effectivement, tu es un peu happé. C'est au même titre que quand tu zappes devant la télé sans but. Ce qui est aussi intéressant avec TikTok, c'est que c'est un moteur de recherche maintenant de plus en plus pour la génération Z. Ils vont découvrir des marques en allant chercher là-bas. À la place de chercher sur Google, ils vont regarder "restaurant Madrid" parce qu'ils vont en city trip. Ils vont regarder ça sur TikTok et découvrir des vidéos qui leur montrent vraiment le restaurant de façon très brute et authentique.

[00:06:32] Amélie Alleman: Ah bon ?

[00:06:33] Frédéric Van Damme: Et donc de plus en plus, la génération Z découvre, cherche, considère des marques sur TikTok avant de passer à l'action. Il y a un chiffre de TikTok, donc à prendre avec des pincettes, je dévoile mes sources, mais 55 % des utilisateurs TikTok sont allés voir ou ont acheté un produit après l'avoir découvert sur TikTok. Donc on voit de plus en plus le pouvoir du digital pour pousser les gens à exécuter des actions dans le monde réel, parce que finalement, c'est ça. On vit dans le monde réel, pas dans le métaverse, et c'est ça qui est intéressant aussi.

[00:07:09] Amélie Alleman: C'est fou, en fait. Je savais que les LLM étaient pris en considération pour la recherche, mais je ne savais pas que TikTok devenait aussi un sujet. OK, hyper intéressant. Et donc, Social Sky, c'est une success story made in Gen Z.

[00:07:27] Frédéric Van Damme: Tout à fait.

[00:07:29] Amélie Alleman: La moyenne d'âge, je pense, est de...

[00:07:31] Frédéric Van Damme: 26 et demi, je pense. Donc voilà, on est en plein dedans. On a effectivement une vingtaine de personnes qui sont dans cette génération-là.

[00:07:41] Amélie Alleman: Et ça se passe comment ?

[00:07:43] Frédéric Van Damme: Écoute, ça se passe très bien. D'abord, c'était pour un besoin de cohérence avec ce qu'on fait. On fait 100 % du social media. On a donc besoin d'une équipe qui comprenne véritablement les codes, qui vive la culture social media. Et la Gen Z, plus que de la découvrir sur les réseaux sociaux, elle façonne cette culture. Elle est vraiment les mains dedans. Donc c'était logique de recruter la Gen Z qui est sur le terrain de jeu de nos marques. Et puis, je trouve que c'est une génération intéressante parce qu'elle ose, elle passe à l'action. Elles ont des outils qui finalement ne coûtent pas très cher. En tout cas, pour le social media, on peut commencer avec un iPhone. Il y a le côté très débrouillard : avec un iPhone, on peut être présent en tant que marque sur les réseaux sociaux. Et donc ils vont tester, monter, faire, refaire, poster, voir ce qui fonctionne. Et ça, c'est aussi un état d'esprit dont on a besoin pour le social media.

[00:08:49] Amélie Alleman: Oui, et puis très entrepreneuriale, en fait.

[00:08:51] Frédéric Van Damme: Très entrepreneuriale, oui. Il faut donc toujours fixer un cadre, mais c'est vrai que c'est une génération qui prend les choses en main et qui ose dire les choses.

[00:09:01] Amélie Alleman: Quand tu as dit "il faut fixer un cadre", j'ai senti du vécu assez profond.

[00:09:05] Frédéric Van Damme: Disons que c'est pour moi une condition sine qua non de l'autonomie, de la liberté et des responsabilités qu'on donne à l'équipe : c'est de leur fixer un cap. C'est le rôle d'un leader. Valentin et moi, on passe beaucoup de temps à réfléchir sur la vision et la manière de déployer cette vision dans un cadre très clair. Et il y a la culture aussi qui me tient particulièrement à cœur. C'est des valeurs... alors quand je vais les dire, ça paraît des valeurs finalement assez basiques ou normales. On a les valeurs d'humanité, d'empowerment, d'excellence, d'innovation. Donc voilà, rien de spécial. Mais après, ce qui me tient à cœur, c'est comment on les traduit dans des comportements et qu'on les fait vivre au quotidien. Nous, on est un people business, donc ce qui fait la différence, c'est notre expertise et l'équipe qui déploie ces expertises. Et la manière dont l'équipe va faire vivre ses valeurs, pour moi, ça fait la différence par rapport à nos concurrents.

[00:10:08] Amélie Alleman: Clairement, je suis d'accord. Mais comment, avec une équipe aussi jeune, tu mets un cadre ? Quelles sont...

[00:10:20] Frédéric Van Damme: Il faut rendre le cadre le plus explicite possible. On passe beaucoup de temps à répéter les choses, mais pas dans le sens négatif du terme. Vraiment, on a des rituels de réunion. Tous les mois, on se réunit pour faire le point sur le mois, où on explique de nouveau l'objectif, si on l'a atteint ou non, les clients qu'on a réussi à séduire, les clients qu'on a perdus (parce que ça arrive aussi), ce qui s'est passé dans l'agence, les initiatives qui ont fait la différence. Deux fois par an, on fait des kick-off meetings où on va répéter beaucoup plus le côté valeur, l'importance des comportements. Comme on a une équipe qui est assez jeune, dans les deux sens du terme (en âge mais aussi parfois en expérience), là par exemple on a cinq personnes qui ont commencé en avril. Donc forcément, ces personnes-là n'ont pas encore été infusées à 100 % à la culture, aux valeurs. On a un programme d'onboarding, mais je pense que c'est important de répéter les choses. Et tous ces rituels vont mettre en place au fur et à mesure la culture et les valeurs.

[00:11:33] Amélie Alleman: Tu parles d'onboarding, justement. Tu peux nous expliquer un peu comment vous faites, si ce n'est pas un secret ?

[00:11:40] Frédéric Van Damme: Pas du tout, il n'y a pas de secret. L'onboarding se passe sur deux axes. L'axe métier, où on va s'assurer qu'un certain nombre de compétences métier (plateforme, création de contenu) sont acquises. Ça se fait sur les deux, trois premiers mois. Il y a à la fois des formations, qui sont des modules vidéo qu'on a créés en interne, mais il y a aussi beaucoup d'accompagnement sur le terrain. Je crois beaucoup au fameux "learning on the job". On apprend en faisant, donc on accompagne un collègue qui a déjà fait, et par mimétisme et par générosité des collaborateurs, on va déployer de nouvelles compétences. Et il y a tout le côté culture, valeur. Là, c'est des points assez réguliers avec un manager qui va coacher pour vraiment aiguiller les personnes à rentrer dans la culture et dans les valeurs de Social Sky. Et puis il y a tous les éléments de réunion où tout le monde est ensemble, où c'est aussi une autre manière d'infuser la culture et les valeurs.

[00:12:48] Amélie Alleman: Quel est le turnover en interne ?

[00:12:51] Frédéric Van Damme: Je n'ai pas de chiffre précis à te donner, mais les personnes en général... Moi, je suis là depuis 3 ans, donc je n'ai pas beaucoup d'historique avant. On a très peu de départs, un ou deux par an. On est donc plutôt à recruter et les gens sont assez contents. Après, c'est une aventure de croissance, donc on est aussi très explicite sur le fait qu'il faut vouloir sortir de sa zone de confort, il faut vouloir se challenger, il faut vouloir grandir pour être bien. Et ça ne convient pas à tout le monde. On en est bien conscient, et donc ça peut convenir une certaine période et puis plus. On discute donc beaucoup avec l'équipe sur ces sujets-là.

[00:13:41] Amélie Alleman: Et au niveau management, vous êtes organisés comment ?

[00:13:47] Frédéric Van Damme: Moi, je suis un partisan de ne pas créer de couches de managers si ce n'est pas indispensable. Je crois que c'est Google qui s'était posé beaucoup de questions là-dessus avant de créer cette fameuse couche. En fait, on a des community managers qui travaillent parfois ensemble, parfois seuls sur des clients. Et on a des digital account managers qui sont un peu des chefs d'orchestre. Ils sont l'interface vis-à-vis du client et ils vont avoir des équipes qui se forment en fonction des services et des clients. Ils doivent donc animer, mais sans être le manager direct.

[00:14:23] Amélie Alleman: Le Digital Account Manager, c'est l'interface client qui gère le community et le vidéaste ?

[00:14:29] Frédéric Van Damme: Oui, c'est ça. Les community managers font aussi la création de contenu, ils font vraiment tout. Et les Digital Account Managers vont être plus dans le côté stratégie et interface client, faire en sorte que les besoins des clients soient bien alignés avec ce qu'on livre. Ils ont aussi un rôle de chef d'orchestre pour s'assurer que le planning et la création de contenu se déroulent bien mois après mois.

[00:14:52] Amélie Alleman: Et au niveau média, vous faites comment ? C'est par client ou par média ?

[00:14:59] Frédéric Van Damme: Ça dépend. On travaille beaucoup l'organique, c'est-à-dire la portée sans budget média. Et de temps en temps, on a des marques pour lesquelles on va travailler des campagnes médias où on investit des budgets médias. En fait, pour bien conseiller les marques, on part toujours de leur audience. On essaie de comprendre à qui elles veulent s'adresser, ce qu'elles ont à raconter et quelles valeurs elles veulent donner sur les réseaux sociaux. On ajuste la stratégie en fonction de leurs objectifs, de leur audience, et on va leur conseiller le meilleur réseau social. Ça peut être plusieurs, ça peut être un seul. Par exemple, on a une marque comme Ekwans qu'on accompagne sur l'employer branding sur TikTok pour trouver de nouveaux profils. Et on a des marques qu'on va accompagner sur LinkedIn parce qu'en fait, c'est de la communication un peu vitrine, il faut juste être présent et il n'y a pas d'objectif de conversion. Donc on a vraiment de tout.

[00:16:00] Amélie Alleman: Vos community managers sont cross réseaux sociaux ?

[00:16:03] Frédéric Van Damme: Oui, on pousse les community managers et globalement tout le monde dans la boîte à être de véritables couteaux suisses. Il faut avoir une expertise en création de contenu, sur le statique et la vidéo, mais aussi sur les différentes plateformes. Alors, évidemment, il y a des affinités qui se font et parfois on a des experts avec des verticales un peu plus prononcées. Mais en règle générale, on pousse nos équipes à être généralistes des réseaux sociaux.

[00:16:36] Amélie Alleman: C'est intéressant. Spontanément, j'aurais cru que c'était l'inverse. C'est un choix vraiment stratégique chez vous ou c'est la tendance des évolutions des réseaux sociaux qui fait que vous vous dites que c'est plus...

[00:16:47] Frédéric Van Damme: C'est un vrai choix stratégique, parce qu'on considère qu'il faut partir du contenu. Le contenu est au cœur de la performance. Et le contenu qu'on va créer est principalement vidéo, donc il faut savoir le faire pour toutes les plateformes. Ensuite, les mécanismes de création de communauté ne changent pas énormément entre les différentes plateformes. C'est plus le type de contenu et les audiences qu'on va toucher qui vont changer. Ça permet d'avoir une approche multisectorielle, multi-plateforme qui permet aussi l'agilité de trouver des best practices sur une plateforme et de les tenter sur une autre. C'est donc vraiment un choix. Après, on n'est pas non plus une agence à 100 personnes. Peut-être qu'on se posera cette question de spécialisation à un moment donné, mais à 25 personnes, ça ne fait pas sens. OK. Pour moi, en tout cas.

[00:17:51] Amélie Alleman: Tes plus grands défis, toi, en tant que dirigeant, c'est quoi ?

[00:17:55] Frédéric Van Damme: Bonne question. On est dans une aventure de croissance. C'est donc une aventure où on doit sortir de sa zone de confort. On doit se poser des questions tous les trois mois parce que ce qu'on a décidé comme organisation, process, recrutement ou vision stratégique, avec la croissance, on doit le revoir, l'ajuster, l'adapter. Déjà, ça, c'est une grosse partie de mon temps. Et par rapport à l'équipe aussi, c'est plus facile, je pense, d'avoir une culture très forte et des valeurs très bien exprimées quand on est 10 par rapport à 50. Mon rôle, c'est aussi de m'assurer qu'en grandissant, on ne perd pas l'essence de ce qu'est Social Sky, des bonnes pratiques, des rituels, des valeurs qui vivent dans des comportements. J'ai envie que ça continue même en grandissant. Et ça, c'est un de mes défis majeurs. Et la Gen Z ose demander, ose remettre en question, elle veut participer aussi au projet. Il faut donc les écouter et co-construire, il faut leur répondre assez vite aussi. C'est une génération qui veut des réponses assez vite. Finalement, ça me convient, parce que dans cet objectif de croissance, je dois avancer très vite, mais je sais qu'ils sont là et qu'ils m'attendent au tournant. Donc ça me booste.

[00:19:31] Amélie Alleman: Ton rêve pour Social Sky, c'est quoi ?

[00:19:34] Frédéric Van Damme: Mon rêve pour Social Sky... c'est une très bonne question. En fait, je le fais vraiment pour grandir au niveau personnel, et j'aimerais que ça soit le cas pour tous les collaborateurs, qu'ils sortent de cette aventure vraiment grandis, que ça les change et que ça leur ait apporté quelque chose dans leur parcours professionnel. Ça, c'est mon étoile du Nord, en tout cas. Et puis voilà, on est dans un objectif de croissance, mais on ne se fixe pas d'objectif du type "on veut atteindre 50, 100 personnes", je trouve que c'est un peu ridicule. Mais c'est déjà continuer à exister sur les prochaines années. Les réseaux sociaux, ça change très très vite, donc il faut rester alerte sur ce qui peut démarrer. TikTok, il y a 2 ans, c'était 0 % de notre chiffre d'affaires, maintenant c'est 30 %. On voit donc la part que ça prend, et il faut garder le cap et être à l'écoute.

[00:20:41] Amélie Alleman: C'est vrai que moi, je trouve ça toujours très particulier quand on dit "mon target, c'est ceci, cela" en chiffres. Moi, je trouve que c'est une aventure. Tant qu'on la vit, on ne sait pas où on va. C'est vrai, c'est dingue, 30 % en 2 ans.

[00:20:56] Frédéric Van Damme: Oui, et c'est vraiment venu en plus. Ça nous a apporté énormément de clients qui viennent parce qu'on a cette expertise dans la création de contenu qui commence maintenant à fonctionner très bien sur d'autres plateformes. Le côté très authentique, personnifié, brut, on peut le retrouver sur LinkedIn, sur Instagram. Finalement, le fait d'être bon en création de contenu TikTok peut découler sur plein de belles choses sur les autres plateformes. Pour nous, c'est une condition de performance.

[00:21:31] Amélie Alleman: C'est aussi des attentes de la Gen Z, tout ce qui est sens, authenticité. Tu le vois très fort ?

[00:21:37] Frédéric Van Damme: Clairement, ils viennent travailler en étant eux-mêmes, je pense que c'est très important. Et nous, on est une agence très authentique, dans le sens où on s'est lancé aussi un peu dans l'aventure "building in public". C'est-à-dire qu'on construit notre aventure en montrant vraiment qui on est sur les réseaux sociaux. Bon, on travaille dedans, donc c'est peut-être plus facile. Mais on a vraiment cette volonté de montrer qui on est, sans filtre. Par exemple, sur TikTok, on a un compte Social Sky qui est géré 100 % par l'équipe. Je ne valide aucun TikTok qui sort, puisque ça doit séduire la Gen Z. Donc je me dis, les mieux placés, c'est l'équipe pour produire du contenu qui leur parle. On a donc complètement lâché prise. Le vendredi, on fait des lives sur TikTok. Une personne de l'équipe se met en live et va répondre aux questions que des personnes pourraient avoir sur l'agence, mais aussi : "Ah, tiens, est-ce que vous engagez ?", "C'est chouette de bosser ?", "Est-ce que tu peux me montrer les bureaux ?". On a vraiment ce côté très transparent, no bullshit, qu'on entend beaucoup pour cette génération. Pour moi, c'est une condition sine qua non pour recruter les bonnes personnes. On a vu que ça a marché, ça a eu un impact incroyable sur le nombre et la qualité des CV qu'on reçoit. On reçoit entre 50 et 100 CV par mois. On ne recrute pas autant, j'aimerais bien, mais pas encore. Et on a vraiment des gens qui nous ont suivis sur les réseaux et qui veulent rejoindre l'aventure. Pour moi, ce côté authentique, c'est la meilleure mesure du succès.

[00:23:51] Amélie Alleman: En tant qu'ambassadeur d'une marque, comment on les choisit ? Parce que là, tout le monde peut, à partir du moment où il est employé Social Sky, faire ce live sur TikTok, il n'y a pas de barrière. Vous les encadrez avant, vous les formez sur les limites, etc. ?

[00:24:10] Frédéric Van Damme: Non, il n'y a jamais eu... tu commences à me faire peur ! Non, mais en fait, je pars du principe que comme le cadre est assez explicite, on répète pas mal de choses, ça a percolé et puis ils le retraduisent à leur manière, avec leur vécu. Donc il n'y a pas de barrière pour ça. Peut-être qu'un jour il y en aura, mais j'espère qu'on pourra garder cette spontanéité. Après, sur LinkedIn, où on a une cible un peu plus B2B et de prospects, on va travailler le contenu un peu différemment. Instagram pareil. Mais on a quand même ce côté, c'est eux qui font le contenu, et c'est encadré par moi et une autre personne dans l'agence.

[00:24:55] Amélie Alleman: La frontière entre le pro et le perso sur les réseaux sociaux, dans ton équipe qui est justement assez jeune ?

[00:25:25] Frédéric Van Damme: On aime dire qu'on est plutôt une équipe sportive qu'une famille. J'aime pas trop les sociétés qui disent "on est une grande famille" et puis au premier problème économique, on licencie la moitié du personnel. On est une équipe, on veut être performant sur le terrain pour nos clients, on veut collaborer un maximum entre soi, on crée de la confiance. Forcément, il y a des amitiés qui peuvent se lier, il y a des gens qui se voient en dehors du bureau, mais ce n'est pas l'objectif en soi. Donc il y a quand même une barrière, je dirais, entre vie privée et vie professionnelle.

[00:27:06] Amélie Alleman: Et dans l'utilisation des réseaux sociaux ?

[00:27:07] Frédéric Van Damme: Ils sont connectés aux comptes de nos clients avec leurs comptes, donc ils doivent mettre leurs notifications sous silencieux le soir ou le weekend. On essaie d'être très précis sur les horaires. Par exemple, on a des clients qui nous demandent de modérer leur page (gérer les conversations et les commentaires). On dira toujours qu'on le fait, mais pendant les heures de travail. On va le faire tous les matins, on ne va pas commencer à le faire le weekend, sauf demande exceptionnelle. On essaie donc de ménager les équipes par rapport à ça.

[00:28:00] Amélie Alleman: Si tu devais donner un conseil à un recruteur, à des RH, à quelqu'un qui doit vraiment attirer la Gen Z, ce serait lequel ?

[00:28:13] Frédéric Van Damme: Je pourrais en donner plusieurs. Déjà, il y a le mot "oser" que je trouve important. Oser les écouter, oser essayer de les comprendre, avoir de l'empathie pour cette génération pour mettre en place des choses qu'on n'aurait pas forcément mises en place soi-même. Il faut prendre des risques. Pour les toucher, comme tu disais, le contenu, c'est du contenu plus brut, authentique, donc il faut oser se dire : "Ce n'est pas exactement ce que j'aurais fait ou mon idée, mais j'y vais quand même." Et dans la quête de sens, je pense qu'il ne faut pas se tromper aussi. Ce n'est pas une table de ping-pong qui va leur donner du sens. Pour moi, c'est beaucoup plus les responsabiliser, leur donner de l'autonomie, mais dans un cadre. Vraiment essayer d'être dans un "frame and trust" plutôt que de commander et contrôler. On cadre, on fait confiance, on est très clair sur les attentes, et donc il y a moyen de donner du feedback beaucoup plus facilement. Cette quête de sens, pour moi, est beaucoup plus importante que le côté fun, l'aménagement des horaires et la durabilité, dont les plus grandes boîtes parlent pour attirer la Gen Z. Moi, je n'y crois pas du tout. C'est avant tout une aventure humaine.

[00:29:32] Amélie Alleman: Et ben, super. Est-ce que c'est le mot de la fin ou y a-t-il une question que j'aurais dû te poser, Frédéric ?

[00:29:37] Frédéric Van Damme: Je pense que c'est le mot de la fin. En tout cas, merci beaucoup pour cet échange. Et il y a un livre que je recommanderais, qui m'a pas mal inspiré, c'est "La Comédie (In)humaine". Le "in" est entre parenthèses pour repasser en "comédie humaine", de Bouzou et de Funès, sa petite-fille, Julia. Je pense que c'est un livre très inspirant, mais pas que pour la Gen Z, parce que finalement, tout ce que je viens de dire, tout ce qu'on déploie, je pense que toutes les générations sont en attente de ça. Il n'y a qu'à voir tous les Millennials qui partent des grandes boîtes pour se mettre en freelance ou ouvrir une boulangerie. Je pense que la quête de sens est vraie pour toutes les générations.

[00:30:27] Amélie Alleman: Oui, clairement. Je l'ai vu en conférence il y a quelques mois, j'ai beaucoup aimé. Il a un style assez direct et un peu provoque, mais qui remet pas mal de bon sens.

[00:30:37] Frédéric Van Damme: Oui, tout à fait. Bon sens, pragmatisme et humanité au cœur de ce qu'on fait. Je vous invite vraiment à lire ce livre, il est passionnant.

[00:30:44] Amélie Alleman: Super. Frédéric, j'ai passé un super moment. Merci pour ton temps.

[00:30:49] Frédéric Van Damme: Merci beaucoup.

[00:30:50] Amélie Alleman: Et au plaisir de te recroiser.

[00:30:51] Frédéric Van Damme: À bientôt.